Encaisser son salaire, retirer sa pension ne seront-ils plus le parcours du combattant ? Beaucoup de personnes appréhendent de se rendre à la poste où leurs nerfs sont mis à rude épreuve. Et les raisons ne manquent pas. On pouvait être rabroué à cause de l'indisponibilité des billets de banque ou dépité et révolté par un mauvais accueil. Qui parmi nous n'a pas été témoin de disputes qui ternissent l'image de lieux et de services dédiés aux citoyens ? Algérie Poste semble vouloir en finir avec cette mauvaise réputation. Elle a aménagé des horaires durant ce mois, où la demande en argent connaît une hausse phénoménale, pour faciliter aux citoyens les opérations de retrait. Ainsi, certains bureaux de poste ouvrent les guichets de payement de 21h30 à 23 h30. Cette plage horaire permet aisément de désengorger les bureaux de poste durant la journée. Pour mieux gérer le flux des fonctionnaires titulaires d'un compte courant postal (CCP), il a été décidé de ne pas faire le virement de toutes les salaires le même jour. Chaque corps de fonctionnaires est invité à se déplacer tel ou tel jour pour éviter le brouhaha et la pression sur les guichetiers. « Cette ruée est à la source des coupures récurrentes d'électricité et les postes d'ordinateurs parfois boguent », nous explique un guichetier du bureau de la poste située en face du Conseil de la nation. Moins enclins à la colère Ces nouvelles méthodes de travail ont été accueillies avec satisfaction au niveau des bureaux de poste où nous nous sommes rendus. Durant la journée, les guichetiers qui travaillent par brigade ont toute la latitude de servir le citoyen. Ils sont à l'aise et ne subissent pas l'agressivité des uns et des autres, aggravée en ce mois de Ramadhan. L'équipe du soir, elle aussi est très sollicitée. De nombreux citoyens profitent des sorties pour joindre l'utile à l'agréable. « Ils se baladent et viennent retirer de l'argent et nous constatons qu'ils sont moins agressifs », relève un guichetier à la Grande-Poste. « Il faut dire que certains de nos agents sont aussi très nerveux durant la journée », rectifie son collègue. Mohamed, rencontré à la Grande-Poste, est satisfait de l'ouverture des services publics, comme l'état civil, la poste, après le f'tour. Il nous confiera que « le jeûne en période des fortes chaleurs est difficile à supporter ». « La soif, le manque de sommeil, le soleil dardant frappant sont durs. Il suffit d'un petit malentendu, d'une broutille pour que les esprits s'échauffent », nous dira-t-il. Le soir venu, les gens sont plus apaisés et sont moins enclins à la colère, à la nervosité. Après le f'tour, place à la bonhomie et aux sourires. Tout le monde semble satisfait et le travail s'accomplit dans les règles de l'art. Nadjia, une mère au foyer, apostrophée au bureau de poste de Port-Saïd, est très contente de se retrouver presque seule devant plusieurs guichetiers. Une fois n'est pas coutume, ces derniers, derrière leurs micro-ordinateurs, attendent les clients. La femme, qui n'en croyait pas ses yeux, avait l'embarras du choix pour encaisser un mandat électronique. « Ce n'est pas tous les jours qu'on entend une mouche voler dans un bureau de poste », dira-t-elle avec un brin d'ironie. Après vérification des nom et prénom ainsi que du numéro de code, elle a empoché la somme envoyée par un proche pour passer un Ramadan loin du besoin. Le soir, les citoyens affluent par grappes dans la sérénité. Chacun attendant son tour pour être servi dans le calme et la discipline. Comme il devrait être partout ailleurs, dans ces lieux où l'Algérien se fait malmener.