Les différents services et administrations publics sont passés au mode d'attente durant les premiers trois jours de ce mois de Ramadhan. La vie s'est ralentie d'un coup. Les Algériens réadaptent, comme chaque année, leurs habitudes. Ainsi, nos villes deviennent mortes le jour et s'animent juste après la rupture du jeûne. A Alger, les rues sont désertes durant la matinée. Tôt le matin, entre 7h et 9h, la route menant de Ben Aknoun vers Alger-Centre est pratiquement vide. Le bouchon habituel d'El Biar a disparu. Pendant ce temps, il n'y a aucune trace des bus de transport. Pour se déplacer, un matinal doit attendre l'un des rares taxis en service. En plus des restaurants et des cafés, les commerces sont fermés. Vers 10h, les rideaux des taxiphones, des magasins et des bureaux de tabac sont toujours baissés. Les journaux sont entassés devant les guichets sans que personne ne puisse s'en servir. Ce n'est que vers 11h que cela commence à reprendre vie. A partir de ce moment, les marchés populaires se remplissent d'«hyper-consommateurs». Les marchés des fruits et légumes, très prisés, sont envahis. Les ménagères ne veulent pas perdre de temps pour préparer le «f'tour» et celles qui travaillent font les courses avant de rejoindre leur poste, par peur de retrouver plus tard les étals vides. En plus de ces femmes, préoccupées par la «chorba» du soir, les hommes, qui ont passé toute la nuit dehors, n'arrivent pas à sortir du sommeil. Ce «décalage horaire» pénalise particulièrement les administrations publiques. Les retards et les absences des fonctionnaires sont fréquents. La qualité du service public, précaire auparavant, chute vers son plus bas niveau de l'année. Bien que le régime de travail durant ce mois soit revu à la baisse et les horaires de travail soient réaménagés, plusieurs employés n'assurent pas leur rôle. A vrai dire, c'est un service minimum qui s'instaure automatiquement dans les établissements de service public. A titre d'exemple, les guichets CCP de la Grande Poste sont devenus un théâtre d'altercations verbales entre les citoyens et les guichetiers. Ces derniers prennent tout leur temps pour servir les clients. Cela engendre une queue infernale. On retrouve également le sentiment de service minimum dans les banques. Parmi les administrations les plus touchées par cette «mise en veille ramadanesque», les APC sont désertées par leurs employés, presque toute la journée. Un chef de service d'état civil, travaillant à Alger, avoue qu'il a du mal à gérer son équipe : «Les retards du matin sont devenus une habitude et les départs anticipés du soir sont des nécessités pour plusieurs employés, notamment les femmes». Même les domaines sensibles ne sont pas épargnés par l'état de latence généralisé. Le CHU Mustapha subit une vraie prise de ralentissement. L'après-midi, il est difficile de trouver ne serait ce qu'un infirmier à son poste. La prise en charge des malades se fait au ralenti. En outre, les ateliers et les chantiers de la capitale ont perdu leur animation habituelle. En plus de la «faim», la canicule n'arrange pas les choses. Les ouvriers souffrent du travail physique, pas du tout commode dans de telles conditions. Du coup, ils tentent, comme tout le monde, de gagner quelques minutes de repos.