L'offensive terrestre a commencé. Hier à l'aube, un commando a débarqué sur une plage de Ghaza pour s'attaquer, semble-t-il, à un site de lancement de roquettes. Cette première incursion, prenant le relais des bombardements massifs effectués depuis une semaine, a été repoussée par les brigades Azzedine al-Qassam qui ont confirmé dans un communiqué des « échanges de tirs nourris ». Mais, le pire est à craindre. Dans cette guerre à armes inégales, Israël poursuit impunément et dans l'indifférence coupable de la communauté internationale, bouche cousue et pieds et poings liés, le massacre à ciel ouvert. Les appels à évacuer « immédiatement » le nord de Ghaza sonnent la charge criminelle du génocide lâchement exécuté par la horde sioniste à grand renfort de réservistes (40.000 soldats rappelés) et d'une armada déployée aux portes de Ghaza. De nouveau, Ghaza coupable de résistance a vaincu le mythe du sanctuaire assiégé en révélant la nature barbare et sanguinaire de l'Etat hors-la loi. La réalité tragique de cette nouvelle expédition punitive se conçoit aisément dans le déséquilibre des forces des protagonistes armés, pour les uns, des roquettes rudimentaires et disposant, pour les autres, d'un armement digne de la plus grande puissance militaire et nucléaire dans la région. Il serait pour le moins inadéquat et insensé de croire un seul instant à la thèse farfelue qui entend mettre sur un pied d'égalité le bourreau et la victime. Au bout de 1.329 frappes, perpétrées depuis mardi dernier, la population palestinienne de Ghaza a payé le prix fort (165 morts et plus de 1.000 blessés), lorsqu'Israël visé par 800 tirs de roquettes (dont 127 interceptés par la défense anti-missile) compte seulement une dizaine de blessés. Dans cette guerre contre les civils, battant en brèche la vanité du désarment de Hamas, le bureau de l'ONU des affaires humanitaires a révélé que 70% des victimes sont des civils dont 21% de mineurs. Plusieurs ONG ont alerté sur la détérioration de la situation humanitaire. Oxfam a ainsi assuré que les raids avaient coupé l'alimentation en eau potable de plus de 100.000 personnes. Sous le grotesque alibi du « droit à l'autodéfense », apparenté au permis de tuer, le lâchage des bombes sur des familles décimées, d'un foyer d'accueil des personnes handicapées ou des jeunes attablés dans un café occupés à suivre les débats de la demi-finale Argentine-Pays-Bas relève assurément de l'ethnocide ouvertement pratiqué par les héritiers de l'holocauste contre une population vouée à une déportation massive et forcée à l'exil que, malheureusement, le verrouillage de Rafah ne peut plus garantir. Un mouvement de panique s'est emparé des milliers de Palestiniens fuyant, dimanche, le nord de la bande de Gaza et terrorisés par l'appel à évacuer lancé par Israël en prévision de bombardements massifs annoncés pour la mi-journée. Pour nombre de déplacés, le refuge de l'UNRWA semble tout indiqué. « L'UNRWA a huit écoles accueillant plus de 4.000 déplacés Ghazaouis. D'autres sont en train d'arriver, ils fuient pour la plupart des secteurs dans le nord, Beit Lahiya et Beit Hanoun », a expliqué aux journalistes le directeur des opérations, Robert Turner. Ghaza est plongée dans l'enfer au quotidien. Elle a vécu la journée la plus sanglante, ce samedi, dans un déferlement de violence inouïe qui a fait au moins 52 morts. Les victimes des « cibles associées au Hamas » ? Des mosquées et des habitations du quartier Touffah, des femmes lourdement handicapées et 2 neveux du dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, surpris par des frappes contre leur foyer d'accueil. Pour le porte-parole de Hamas, Sami Abou Zouhir qui ne s'exprime que par communiqué, pour des raisons de sécurité évidentes, il s'agit de « crimes de guerre qu'Israël est en train de commettre en tuant des civils, des enfants et des femmes, et en bombardant les maisons des Palestiniens ». Il se revendique de la « légitime défense » et du droit à la résistance dans cette troisième guerre imposée. En complice de son « enfant gâté », le monde occidental qui souffre du syndrome de l'holocauste juif se satisfait des appels au cessez-le-feu, susurrés du bout des lèvres et catégoriquement déclinés par un Netanyahu martelant son refus de ne céder à « aucune pression internationale ». Ni la médiation américaine avortée ni l'appel du conseil de sécurité, adressé à Hamas et à Israël pour arrêter les hostilités et garantir la « protection des civils » ne peuvent effacer la guerre contre les valeurs fondamentales longtemps brandies en vérité immuable et écrasées par le Néron du Proche-Orient à feu et à sang.