El Frena. Ce four traditionnel a la cote depuis quelques années. C'est la pleine activité. Les ménagères de nombreuses localités à l'image d'El Mefrouche, Ain Ghoraba et Beni Snous, ont réussi à ériger une sorte d'industrie qui rapporte gros. Malgré la chaleur en ce mois de Ramadhan qui coïncide avec la période estivale, de nombreuses femmes rurales passent leur temps devant le feu. Il y a celles qui pétrissent, celles qui modèlent les galettes sur les « Tadjines », alors que d'autres encore attisent le feu des fréna. Selon des estimations, dans la seule région d'El Mefrouche, il est vendu quotidiennement plus de 5000 galettes pétries dans de la farine, de l'orge ou de la semoule. C'est devenu en fait un commerce qui a pris de l'essor, notamment durant ce mois sacré. Et ce, malgré le prix élevé, 50 dinars la galette. D'ailleurs, chaque soir les citadins ont une seule destination, peu avant la rupture du jeûne, les hauteurs de Tlemcen, dont El Mefrouch qui est littéralement prise d'assaut. Ainsi, tout le long de la route, les riverains exposent ces produits du terroir. A deux heures de la prière d'El Maghreb, El Mefrouche est assaillie par une clientèle nombreuse. Des files d'automobiles se forment pour arriver à la hauteur des enfants du douar qui se chargent de la vente du pain. Selon certains habitants, les femmes font une véritable Touiza pour satisfaire la clientèle. Comme cette femme qui s'est associée à deux voisines pour produire chaque jour 750 galettes. Une véritable économie parallèle s'est installée en cette première quinzaine de Ramadhan, faisant de l'ombre aux boulangers qui ont dû prendre congé pendant ce mois. Car, depuis, la baguette de pain est boudée. Côté bénéfices, les concernés répondent que par rapport à ce qu'ils gagnent, l'investissement est moindre. Puisque la fréna ne demande pas grand chose, car fabriquée à base d'argile et donc ne consomme que peu de bois. Et de préciser qu'avec une stère de bois, on peut faire cuire du pain pendant trois jours. Mais il n'y a pas que la galette traditionnelle qui a du succès. Dans la foulée, les consommateurs en profitent aussi pour s'approvisionner dans ces zones rurales en fruits tels que la pêche, la prune, l'abricot et la figue et en légumes comme la tomate et les haricots. Et les olives, le lait de vache, l'huile d'olive s'écoulent aussi rapidement. Tout se vend, tout s'achète. En ce mois de Ramadhan, il n'y en a que pour le ventre. Même si l'on mange plutôt qu'avec les yeux.