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À l'épreuve des droits de l'homme
Publié dans Horizons le 23 - 07 - 2014


Les efforts diplomatiques se sont intensifiés dans un chassé-croisé incessant pour tenter d'arracher aux Israéliens et aux Palestiniens une trêve dans les prochains jours. Du Caire où des entretiens exploratoires ont convergé sur la réactivation de la proposition égyptienne comme « base de négociation », le secrétaire général de l'ONU et le secrétaire d'Etat américain ont mis le cap successivement sur El Qods et Tel Aviv pour trouver une issue au conflit meurtrier qui a coûté la vie, depuis le lancement de l'agression israélienne unanimement condamnée pour le nombre élevé des victimes civiles palestiniennes, à 650 Palestiniens et 31 Israéliens (29 soldats et 2 civils). Kerry aura certainement, en coordination avec Ban Ki-moon qu'il rencontrera à Al Qods, fort affaire pour dégager un compromis avec le président Mahmoud Abbas œuvrant pour un « front uni » de tous les Palestiniens, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La mission s'avère délicate. Tant les positions des protagonistes restent éloignées. Si Hamas, en partenaire ignoré de l'initiative égyptienne, considère le cessez-le-feu tributaire des impératifs de la levée du blocus, l'ouverture de Rafah et la libération des prisonniers, Tel-Aviv entend rendre Hamas responsable du carnage que l'armée israélienne commet en toute impunité. Netanyahu, sous la pression du camp des faucons comme celui des colombes (Tzipi Livni) opposés à tout cessez-le-feu, s'affaire à combattre les effets de l'isolement international de plus en plus durement ressenti. Mis sur le banc des accusés par la communauté internationale, Israël est déserté par les grandes compagnies aériennes. A l'appel de l'Agence européenne de la sécurité aérienne, l'aéroport Ben Gourion, touché par des roquettes de Hamas, ne sera pas desservi jusqu'à nouvel ordre par les compagnies européennes qui s'alignent sur la décision de l'Agence fédérale américaine de l'aviation (FAA) interdisant pour 24 heures aux compagnies américaines de voler vers et/ou depuis Israël. Pour la première fois, le ciel israélien ne verra pas le passage d'Air France, Lufthansa, EasyJet, Delta et Royal Jordanian... A son allié inconditionnel, Netanyahu a plaidé, en vain, protection des citoyens américains oblige, la nécessité de rétablir le trafic aérien. De ce fait, l'appel à l'arrêt des combats lancé par Ban Ki-moon prend toute sa signification. Mis au pied du mur, Israël est également rattrapé par la question des droits de l'homme. Si à Ramallah, le président palestinien est déterminé à « poursuivre tous ceux qui commettent des crimes contre notre peuple, quel que soit le temps que cela prendra », son représentant à l'ONU, Ryad Mansour, a pointé un doigt sur la communauté internationale accusée d'avoir « failli à son obligation de protéger les civils en temps de guerre ». Fini le temps de l'impunité ? L'Union européenne appelant à une « opération proportionnée » et Washington mise à mal par les pertes civiles ont tracé la ligne rouge d'une alliance ternie par les massacres de masse. L'opinion mondiale a fait le choix de la résistance palestinienne. De Ramallah aux capitales européennes, notamment Paris autorisant en définitive une nouvelle manifestation à l'appel d'un « Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens », le mouvement de protestation populaire a choisi son camp. Il devient dès lors plus légitime de revendiquer la protection internationale du peuple palestinien victime d'un génocide à ciel ouvert. Le constat a été établi par le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, relevant « une forte possibilité que le droit international humanitaire ait été violé, d'une manière qui pourrait constituer des crimes de guerre ». Tout naturellement, à la demande du représentant permanent de l'Egypte, au nom du groupe arabe, le représentant permanent du Pakistan, au nom du groupe de l'Organisation de la coopération islamique, et l'observateur permanent de l'Etat de Palestine, le conseil des droits de l'homme de l'ONU a commencé hier l'examen en réunion extraordinaire, une résolution palestinienne exigeant une enquête indépendante internationale d'urgence sur « les violations généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l'Homme et des libertés fondamentales », en particulier « la dernière offensive militaire d'Israël dans la bande de Ghaza (...) qui a impliqué des attaques indiscriminées et disproportionnées (...) qui peuvent constituer des crimes internationaux ». Assurément, l'ONU joue la carte de la crédibilité attachée à la fiabilité de la mission de paix pour laquelle John Kerry déclare déceler « quelques pas », alors que Ban Ki-moon, un brin optimiste, veut mobiliser toutes les forces, sans plus attendre.

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