La Libye avance vers une guerre civile, Et les signes prémonitoires ne manquent pas. Les combats, qui ont commencé depuis le 13 juillet dernier entre les milices de Misrata et celles de Zintan, sont les plus violents depuis la chute de Kadhafi (160 morts et de 500 blessés). La capitale est menacée désormais par une immense explosion « aux conséquences difficiles à prévoir », selon le gouvernement : un incendie provoqué par une roquette ravage depuis dimanche deux immenses réservoirs de carburant (90 millions de litres de carburant) proches de l'aéroport international. Sollicités par le gouvernement pour éteindre ces « incendies », plusieurs pays européens ont posé comme condition l'arrêt des combats. Ces violences enflamment aussi Benghazi, à l'Est où un avion militaire, engagé dans des affrontements au côté du général dissident Khalifa Haftar, s'est écrasé. Les forces régulières et le « Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi », une alliance de milices islamistes, dont celles d'Ansar A-chariaâ, s'entretuent depuis samedi (55 morts en moins d'une semaine). Tant à Tripoli qu'à Benghazi, les combats participent d'une lutte d'influence. Dans la première, les « islamistes » veulent prendre les centres de pouvoir, dans la seconde, ils entendent reconquérir le pouvoir qu'ils ont perdu dans les urnes le 25 juin dernier, date des législatives, par la lutte armée. Et pour cause, le Parlement qui siégera à Benghazi doit théoriquement entrer en fonction lundi prochain. Face à ces violences qui exposent le pays au risque d'explosion, comme la Somalie des années 1990, la communauté internationale reste silencieuse. Le monde occidental reste insensible aux appels au secours du gouvernement qui n'a pas cessé, depuis vendredi dernier, de mettre en garde contre « l'effondrement de l'Etat ». Certains pays , après avoir sonné le sauve-qui-peut, réclament « un rôle plus important de l'ONU » en Libye où « la situation est extrêmement imprévisible et incertaine ». Barack Obama, le président américain, Angela Merkel, la chancelière allemande, David Cameron, le Premier ministre britannique, Matteo Renzi, le président du Conseil italien et le président français, François Hollande qui ont « condamné la violence contre les civils, l'intimidation des représentants de l'Etat et la perturbation du processus politique », estiment qu'un cessez-le-feu immédiat entre les milices à Tripoli est nécessaire. Outre ces milices, les « partenaires » de la Libye cultivent deux appréhensions. Une, un éventuel retour des djihadistes libyens de Syrie et d'Irak pour créer en Libye les premières filiales de « l'Etat islamique ». Deux, un passage à tout moment sous contrôle des « terroristes » des avions de Libyan Airlines susceptibles d'être utilisés comme des vecteurs explosifs. Comme ceux du 11 septembre 2011. A Washington et Londres, on envisage sérieusement une nouvelle intervention militaire.