Le pouvoir libyen est dans l'incapacité de mettre fin aux cycles de violence entre milices rivales. Quelques pays occidentaux ont appelé leurs ressortissants à quitter la Libye. Face à l'incapacité avérée du gouvernement libyen de reprendre en main la situation sécuritaire et l'extension à Tripoli, la capitale libyenne, des combats entre milices rivales, des pays occidentaux — dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Italie — ont appelé hier leurs ressortissants à quitter de toute urgence la Libye. Les diplomates aussi plient bagage. Cet appel intervient après l'attaque, dans la banlieue ouest de la capitale libyenne, d'un convoi de l'ambassade de Grande-Bretagne. La semaine précédente, l'ambassade américaine s'était carrément retrouvée au milieu de violents combats. Ne voulant faire courir aucun risque à son personnel diplomatique, le département d'Etat américain – qui a déjà perdu un ambassadeur et des diplomates à Benghazi — s'est empressé, samedi, face au «danger réel» de suspendre les activités de son ambassade. Tous ses employés ont été évacués par route vers la Tunisie. Ces mêmes combats avaient, rappelle-t-on, poussé la mission de l'ONU à quitter le pays à la mi-juillet. L'Algérie avait aussi pris la décision, le 16 mai dernier, de fermer à titre provisoire son ambassade et son consulat général à Tripoli en raison d'une «menace réelle et imminente» visant ses diplomates. Et ce n'est pas demain la veille qu'elle nommera un ambassadeur en Libye. Le danger y est devenu trop grand. Jusque-là épargnée par la terreur, Tripoli est, en effet devenue avec le temps, pour les nombreuses milices d'ex-rebelles — qui pullulent en Libye depuis le renversement en 2011 du colonel El Gueddafi — un terrain d'affrontement pour la prise du pouvoir. Rééditer le 11 septembre au Maghreb Malgré l'existence d'institutions élues, les milices continuent à faire la loi en Libye. Depuis le 13 juillet, les puissantes milices de Misrata et de Zenten s'affrontent à l'aide d'armes lourdes pour le contrôle de l'aéroport de la capitale. Les combats, d'une rare intensité, ont déjà fait une centaine de morts et près de 500 blessés. Hier encore, les combats faisaient rage autour de l'aéroport. Un climat de peur règne sur la ville où les rapts d'étrangers se sont multipliés ces dernières semaines. Le 17 juillet, un travailleur maltais a été enlevé en plein jour dans la banlieue de Tripoli. Une information à prendre avec des pincettes mais que beaucoup de sources donnent pour vraie : il semblerait que des djihadistes libyens aient pris le contrôle de 11 avions de ligne et projetteraient de les utiliser pour commettre des attaques contre des cibles dans les pays du Maghreb et du pourtour méditerranéen. L'information, relayée par des médias libyens, serait basée sur le rapport d'un service de renseignement qui aurait alerté les pays d'Afrique du Nord d'une attaque semblable à celle ayant ciblé New York le 11 septembre 2001. Depuis la révélation de ces informations, le Maroc, l'Algérie, l'Egypte, l'Italie, la France, l'Espagne, Malte et la Grèce sont en état d'alerte maximum. Afin de parer à toute éventualité, leurs radars sont braqués sur l'espace aérien libyen. A Benghazi, dans l'est de la Libye, c'est aussi la guerre. Mais, cette fois, les combats opposent l'armée et les hommes du général Haftar au «Conseil de choura des révolutionnaires de Benghazi», une alliance de milices réputées proches des islamistes. Au moins 38 personnes, pour la plupart des soldats, ont été tuées ces dernières 24 heures dans les affrontements. Le Conseil de choura des révolutionnaires de Benghazi a revendiqué plusieurs attaques contre des bases militaires à Benghazi ces dernières semaines, en affirmant avoir pris le contrôle de certaines d'entre elles. Si elles ne sont pas très vite maîtrisées, toutes ces violences risquent d'entraîner le pays dans une guerre civile qui risquerait de déboucher sur son morcellement. Conscient du danger, le gouvernement libyen a mis en garde, vendredi, contre «l'effondrement de l'Etat». L'appel au départ adressé hier par les pays occidentaux à leurs ressortissants laisse malheureusement penser que l'effondrement dont parle le gouvernement libyen est imminent.