Une attaque « terroriste préméditée », selon Chine Nouvelle, l'agence officielle, a été menée par un gang « armé de couteaux », lundi dernier, jour de l'Aïd El Fitr, contre un poste de police et des bureaux du gouvernement dans le district de Shache au Xinjiang, une région du nord-ouest de l'empire du Milieu, qui compte plus de neuf millions d'habitants, des musulmans turcophones en majorité. Quelque 200 membres de ce gang seraient ensuite partis vers un village voisin pour s'en prendre aux civils et saccager une trentaine de véhicules. « Les policiers présents sur les lieux ont abattu des dizaines d'assaillants », poursuit l'agence, qui fait état de « dizaines de Ouïgours (minorité musulmane) et de Han (ethnie majoritaire en Chine) tués ou blessés. Cette attaque n'est pas la première. La région, frontalière de huit pays d'Asie centrale, dont l'Afghanistan, a vécu ces derniers mois une série d'attentats dans des lieux publics perpétrés, selon les autorités, par des mouvements islamistes de la région et des séparatistes qui souhaitent établir l'Etat indépendant du Turkestan oriental. En mars, une tuerie commise à l'arme blanche par un commando d'assaillants dans la gare de Kunming (Yunnan, sud-ouest) s'était soldée par 29 morts et 143 blessés. Un attentat-suicide a été commis en mai sur un marché d'Urumqi, capitale du Xinjiang. Bilan : 43 morts, dont les 4 agresseurs. Une semaine après, 6 personnes ont été blessées dans une attaque à l'arme blanche dans une gare de Canton, dans le sud de la Chine. Comme à chaque attaque, Pékin, qui n'arrive pas à mettre fin à ces actes terroristes, réagit avec fermeté en déclenchant une riposte qui se traduit souvent par des dizaines d'interpellations, des condamnations et l'exhibition publique de terroristes. Les Ouïghours, notamment ceux qui sont hostiles à Pékin, incombent ces violences au manque d'efforts d'investissement au Xinjiang. Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, une organisation d'exilés basée en Allemagne, parle d'une centaine de morts et autant de blessés et réclame « une enquête indépendante ».