Une démarche déjà tracée par le président de la République et que l'Exécutif se doit de traduire en résultats sur le terrain. Convaincu que «le gouvernement et le Parlement ont une priorité commune qui est celle de voir l'Algérie réussir pleinement sa construction nationale», M. Ouyahia a, devant les députés et les membres de son équipe gouvernementale, mis en évidence l'importance des acquis nationaux déjà matérialisés, pour la réalisation des objectifs nouveaux consignés dans le programme présidentiel. Cette déclaration se distingue cette année, fait-il remarquer, par le fait qu'elle recouvre la jonction entre la fin d'un programme quinquennal et le démarrage d'un programme d'investissements publics totalisant plus de 21.000 milliards DA, soit plus de 280 milliards de dollars pour les années 2010-2014. Elle constitue également pour lui une occasion surtout d'apprécier à leur juste valeur les progrès de notre pays, dès lors que «nulle œuvre ne saurait prétendre à la perfection». Pour Ahmed Ouyahia, le gouvernement s'engage aujourd'hui dans un pari en faveur de l'avenir du pays, dont le succès exige des efforts accrus, une valorisation plus grande des ressources financières de l'Etat, ainsi qu'une «mobilisation permanente au sein de la classe politique et de la société civile, pour éviter les pièges de l'insouciance et pour repousser le populisme et la démagogie». OUYAHIA AUX TERRORISTES : «BÉNÉFICIEZ DE LA RAHMA DE LA RÉPUBLIQUE » Le premier dossier que le coordinateur de l'Exécutif a évoqué est celui du terrorisme, ce mal ayant frappé de plein fouet notre patrie durant plus d'une décennie. «Le terrorisme a été défait grâce à l'engagement admirable de notre armée, des citoyens et de nos forces de sécurité, un engagement conforté par le choix de notre peuple pour la paix et la réconciliation nationale, et que le gouvernement s'est attelé à mettre en œuvre fidèlement». Ouyahia certifie à travers le langage des chiffres que sur les 6448 dossiers de disparus recensés, 35 seulement restent à régler avec les familles concernées. Mieux encore, sur les 13.332 dossiers des familles dont un membre est impliqué dans des affaires de terrorisme, seuls 57 dossiers traités sont en cours de finalisation. Ajoutant que parmi l'ensemble des dossiers déposés (10.400) relatifs aux licenciements de travail et à tous les cas en relation avec la tragédie nationale, 23 dossiers seulement attendent d'être finalisés. Avant de passer à un autre chapitre, M. Ouyahia a réitéré à cet effet «l'appel de l'Etat à ceux qui persistent à suivre le chemin du terrorisme et de la destruction à se repentir de leurs actes, à adhérer au processus de réconciliation nationale et bénéficier de la rahma de la République ». «LE GOUVERNEMENT DÉTERMINÉ À RÉDUIRE LE CRIME ÉCONOMIQUE» Dans le cadre de la consolidation de l'Etat de droit, le Premier ministre rappelle, par ailleurs, que grâce aux efforts consentis en ce sens, la criminalité a reculé de plus de 30% en quatre années. La directive du chef de l'Etat de décembre dernier pour l'intensification de la prévention et de la lutte contre la corruption, et tout ce qui s'en suivra comme poursuites et jugements, a retenu, souligne Ouyahia, l'attention de l'opinion publique et a même «fait l'objet de quelques tentatives de récupération politicienne». dans ce sillage, M. Ouyahia confirme la détermination du gouvernement à lutter contre la crime économique qui fait souvent, selon lui, «jonction avec le trafic de drogue ou le blanchiment d'argent et donc avec la grande criminalité qu'il importe de réduire dès à présent». Passant au registre économique, le Premier ministre rappelle à ce titre que l'Etat a restauré ses fonctions de contrôle et de régulation et conforté son autorité. La consolidation de la législation économique du pays a donné lieu à de nombreux commentaires et critiques, déclare-t-il, dans un but de clarifier cette question notamment aux investisseurs étrangers. OUYAHIA RÉPOND AUX CRITIQUES DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS «Quel drame y avait-il à procéder à quelques ajustements de notre démarche d'économie de marché, dès lors que ce redressement n'est pas synonyme de rupture avec l'efficacité et la compétitivité économique ? Quel est ce dogme qui, au nom de la liberté d'entreprendre, devrait nous empêcher d'introduire des correctifs appropriés à la lumière des constats, des expériences et des circonstances, au moment même où la crise économique mondiale a réhabilité ailleurs le rôle économique de l'Etat et surtout remis en cause le primat de la libre spéculation sur l'économie productive ? Est-ce à dire que parce que l'Algérie qui forgeait son expérience libérale et qui était confrontée aussi à la nécessité de rompre voilà dix ans un embargo international non déclaré a concédé de larges libertés aux investisseurs étrangers, qu'elle ne serait plus en droit aujourd'hui de reprendre par exemple la majorité dans les investissements extérieurs chez elle, alors que ce même principe prévaut dans d'attrayantes destinations de l'investissement étranger, au Moyen-Orient ou en Asie par exemple ?», s'interroge-t-il, non pour entretenir une quelconque polémique, précise-t-il, mais «parce que le gouvernement considère que le développement économique national a besoin d'une union nationale». D'après lui, nulle entreprise locale ne sera prospère si l'économie nationale n'est pas solide. Que ceux qui l'auraient oublié se rappellent quelle était la situation de chacun lorsque l'Algérie était en faillite financière et soumise à l'ajustement structurel, enchaîne Ouyahia, en clarifiant qu'actuellement, «l'Algérie n'a pas besoin actuellement de capitaux étrangers, mais elle est cruellement en manque de savoir-faire. En contre-partie, elle attend des investisseurs mixtes le recours aux biens et aux services locaux. LES TROIS OBJECTIFS MAJEURS DU GOUVERNEMENT Après avoir relevé brièvement quelques constats économiques amplement développés dans le document remis aux députés et que la presse a largement repris, Ouyahia conclut ce chapitre en déclarant que le gouvernement a trois objectifs majeurs. D'abord, porter la croissance du secteur agricole à 8% annuellement de manière stable et continue. Ensuite relever de 5% à près de 10% en 2014 la part de l'industrie dans la valeur ajoutée globale qui se créé annuellement. A cela s'ajoute, enfin, la poursuite de la réduction du chômage bien en deçà de 10% durant les cinq prochaines années. A titre d'exemple, le Premier ministre a indiqué que le groupe pharmaceutique public Saidal investira 17 milliards DA pour doubler sa production au cours des cinq prochaines années En guise de conclusion, Ouyahia confirme que le gouvernement a l'immense privilège de travailler sous l'autorité d'un «dirigeant formé à l'école de la lutte de libération nationale», nommant par là le président de la République, en reconnaissant que «le bien-être actuel en Algérie est le fruit de sages décisions stratégiques prises M. Abdelaziz Bouteflika».