Dix ans après l'intervention des Etats-Unis, l'Irak replonge dans le chaos. Barack Obama, qui avait rapatrié ses troupes il y a trois ans, est entraîné dans une nouvelle guerre. Cette fois-ci contre l'Etat islamique. De fait, il est le quatrième locataire consécutif de la Maison-Blanche, après George Bush (le père), Bill Clinton et George W. Bush, à y lancer une action militaire. Obama a-t-il clos trop tôt le chapitre irakien ? Pour protéger les diplomates et conseillers militaires américains en poste dans la ville d'Erbil, dans le nord de l'Irak, d'abord, contrer l'installation d'un califat entre la Syrie et l'Irak, freiner l'avancée des extrémistes sunnites qui menacent le Kurdistan irakien et éviter « la destruction systématique de la totalité (...) du peuple yazidi, ce qui constituerait un génocide », ensuite — jetées sur les routes par ceux qui ont proclamé l'instauration d'un Etat islamique aux frontières irako-syriennes, près de 100.000 personnes, dont des milliers de Yazidis réfugiés sur les hauteurs de l'aride mont Sinjar, au Kurdistan irakien, sans eau ni nourriture, risquent de mourir dans les tout prochains jours, si aucune aide ne leur parvient pas très rapidement, selon Vian Dakhil, une députée de cette communauté — il s'engage de nouveau au pays de Saddam Husseïn. Sans savoir jusqu'où le mènerait sa décision, il a ordonné des frappes aériennes ciblées sur des positions de l'Etat islamique et la poursuite de celles-ci « si nécessaire ». Selon la résistance kurde, dès leur entrée dans la région, le 4 août dernier, les « partisans » du califat se sont livrés aux pires atrocités. Ils auraient, selon des rescapés qui ont réussi à passer en Syrie et en Turquie, grâce à l'aide des Peshmergas (combattants kurdes), perpétré des exécutions de masse, des massacres et des viols. Tout en assurant qu'il ne permettra pas que les Etats-Unis soient de nouveau entraînés dans une guerre en Irak et qu'il n'était pas question d'envoyer « des troupes américaines (...) en Irak, parce qu'il n'y a pas de solution militaire américaine à la crise là-bas et que Etats-Unis ne peuvent et ne doivent pas intervenir à chaque fois qu'il y a une crise dans le monde », Obama rappelle qu'il ne permettra pas aux « terroristes de l'Etat islamique » d'avoir un refuge permanent d'où ils pourraient attaquer les Etats-Unis. « Quand il y a une situation comme celle de cette montagne, où d'innombrables innocents risquent de se faire massacrer, et que nous avons la capacité de l'empêcher, les Etats-Unis ne peuvent pas détourner le regard. Ce n'est pas ce que nous sommes. Nous sommes américains. Nous agissons. Nous menons. Et c'est ce que nous allons faire sur cette montagne », lance-t-il, avant de confirmer son feu vert à un « effort humanitaire » supplémentaire pour aider ceux qui ont fui Sinjar et à une aide aux forces irakiennes sans faire pour autant, précise-t-il, « office d'armée de l'air » du gouvernement « ou toute autre faction ». Les experts, même si aucun d'eux ne peut prédire la tournure que prendront les événements, s'accordent tous à dire que les Etats-Unis, qui n'excluent pas un usage élargi des frappes militaires, ne s'engageront pas dans une campagne « prolongée ». L'ONU, qui a applaudi, travaille, dit-elle, à l'ouverture d'un corridor humanitaire dans le nord de l'Irak.