Un état des lieux relatif à la prise en charge sur le plan médical, social et psychologique a été présenté à l'assistance composée de députées, mouvement associatif et des représentants de ministères. Dans ce sens, le Dr Benoumechiara, médecin spécialiste en oncologie a souligné que le cancer du sein touche des femmes de plus en plus jeunes même «celles non ménopausées alors que 1% des hommes sont également concernés par cette pathologie». Elle affirme que 5 à 10% des cas sont héréditaires. Abordant les difficultés que rencontrent les patientes, le Dr Benoumechiara reconnaît la surcharge des centres puisque seulement 5 couvrent l'ensemble du territoire. Le manque de formation et de qualification des techniciens et des manipulateurs de radios, l'absence de circuit de prise en charge des lésions diagnostiquées ainsi que l'absence de registre de cancer sont ces autres difficultés auxquelles les malades sont confrontés. Mais pour la ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine Mme Nouara Djaafar «nous disposons des meilleures lois promulguées en 1985, 1998 et 2006. Ces 200 articles accordent le droit à la santé et à la prévention. Cette dernière est le premier pas qui permet de nous prémunir de cette maladie». En effet, l'absence d'une prévention précoce est à l'origine de l'avancement de la maladie puisque 95% des cas sont déjà en stade de maladie (nodule) et 5% présentent des lésions infra-cliniques alors que 30% peuvent être guéris si la lésion est dépistée à un stade avancée, précise le Dr Benoumechiara. Dans son récit sur la prise en charge des personnes atteintes de cancer sur le plan social, Dr Bourkaib, représentant du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, a informé de la prise en charge des collatéraux au 3e degré. Ainsi, la sœur, la nièce ou la tante malades d'un assuré social peuvent bénéficier d'une couverture sociale. Aussi, pour renflouer les caisses de la CNAS dans le cadre de la solidarité nationale, une taxe a été instituée en 2010 sur le tabac. Le cancer du sein de part sa spécificité qui touche à la féminité de la femme et à son statut de mère et d'épouse, nécessite aussi une prise en charge psychologique. Mme Hezaimia, psychologue depuis 17 ans au service des patientes du Centre Pierre et Marie Curie d'Alger (CPMC) avoue de la difficulté d'annoncer à une patiente sa maladie. «C'est une maladie très lourde et il est très difficile de démystifier le mal», précise-t-elle. Une fois informée, la malade passe par trois étapes : celle du choc où elle accepte mal le diagnostic avant de passer à la phase de déni et de marchandage car elle a peur de la société et de la famille. S'ensuit alors l'étape de l'angoisse, de la peur et du fatalisme avant qu'elle n'accepte le traitement. Mme Hezaimia exhorte à «sensibiliser les maris car les femmes narcissiquement blessées sont souvent répudiées après une ablation du sein». Le cancer du sein cause le décès de 3500 femmes sur les 9000 cas dépistés annuellement en Algérie.