Cette implacable sonnette d'alarme a été tirée, hier, par le secrétaire général de l'organisation des travailleurs sahraouis, Mohamed Cheikh Lahbib, dans une conférence-débat au forum du quotidien El Moudjahid, à Alger, en présence du ministre des Zones occupées, Mohamed El Ouali Akik, et de l'ambassadeur de la RASD à Alger, Brahim Ghali. Pour le patron de la centrale syndicale sahraouie, la politique marocaine a pour seul credo l'expansionnisme et pas que dans les territoires occupés « puisque la Mauritanie, l'Algérie et même certaines régions du Mali ont déjà pâti de cette entreprise impérialiste ». Pour y parvenir, explique le conférencier, les autorités marocaines s'appuient sur un certain nombre d'outils, dont le trafic de cannabis dans le voisinage immédiat. « Ce trafic à grande échelle vise à paralyser les sociétés maghrébines », a-t-il averti. Lahbib cite les rapports des institutions internationales qui pointent du doigt la politique du Makhzen. On peut citer notamment le dernier rapport de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie parle de 90 tonnes de cannabis en provenance du Maroc saisies, le secrétariat d'Etat américain pour qui l'ampleur de ce trafic risque de déstabiliser la région en alimentant le crime organisé et le terrorisme, l'Organisation mondiale de lutte contre la drogue pour qui 82% du cannabis consommé dans le monde provient du royaume chérifien. Bref, autant de preuves mettant à nu une politique nuisible pour toute la région. Pis, les barons marocains de la drogue sont, selon l'intervenant, les principaux financiers des organisations terroristes activant contre les intérêts des pays voisins, l'Algérie en premier lieu. Il cite notamment le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), « une pure création des services secrets marocains » qui a été derrière l'enlèvement, en 2012, de trois Européens dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, autant qu'elle est impliquée dans la prise d'otages des diplomates algériens au Mali. « Le Maroc cherche à voir un pied dans la région du Sahel en recourant au cannabis et au terrorisme », a-t-il expliqué. Qualifiant, par ailleurs, la situation des droits de l'Homme dans les territoires occupés de « tragique », Lahbib s'insurge contre les violations continues et les atteintes à la dignité humaine perpétrées, au su et au vu de la communauté internationale, par les forces marocaines contre une population civile désarmée. Il évoque, à titre illustratif, plus de 500 militants sahraouis disparus, 151 prisonniers de guerre vivant une situation dramatique, 65 détenus politiques jugés arbitrairement par les tribunaux militaires... Raison pour laquelle, il en appelle à l'élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Dans la foulée, il annonce une tournée dans la région de Christopher Ross en octobre prochain. « La Minurso est la seule mission des Nations unies qui ne jouit pas de prérogatives liées à la surveillance et à la lutte contre les violations des droits de l'Homme », a-t-il fait remarquer, en dénonçant la politique de sabotage pratiquée par Rabat contre la mission onusienne, une nouvelle fois illustrée par les rumeurs sur la « démission » de Ross, très vite démenties par l'ONU.