La France lancera, ces jours-ci, une invitation au Conseil de sécurité et aux pays du Moyen-Orient à une conférence sur la sécurité en Irak et contre l'Etat islamique, sur le modèle de celle, tenue en mai à l'Elysée, sur Boko Haram, le groupe nigérian. François Hollande, le président français, qui a le plus eu recours à la force armée - au Mali en janvier 2013, en décembre de la même année en Centrafrique et l'annulation à la dernière minute le 31 août dernier du « bombardement » de la Syrie après la volte-face d'Obama — veut prendre la tête du combat contre l'Etat islamique (Daech) qui a proclamé sur les territoires de la Syrie et de l'Irak qu'il contrôle un califat. Il envisage de convoquer dès septembre à Paris une conférence internationale où il annoncera à ses partenaires une « initiative » contre ce groupe terroriste qui aurait recruté, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, plus de 6.000 hommes le mois dernier en Syrie. Evalués à 15.000 combattants, ses effectifs n'ont jamais progressé aussi vite, souligne l'organisation. « Nous ne pouvons plus nous en tenir au traditionnel débat, intervention ou non-intervention. Nous devons envisager une stratégie globale contre ce groupe qui s'est structuré, qui dispose de financements importants et d'armes très sophistiquées, et qui menace des pays comme l'Irak, la Syrie ou le Liban », a déclaré, dans un entretien au Monde, le président français. « La situation internationale est la plus grave que nous ayons connue depuis 2001. Nous devons faire face, non pas à un mouvement terroriste comme Al-Qaïda, mais à un quasi-Etat terroriste », dit-il. Et d'ajouter : « Je proposerai donc prochainement à nos partenaires une conférence sur la sécurité en Irak et la lutte contre l'Etat islamique, dès septembre. » En attendant cette initiative, l'aviation américaine bombarde les combattants de l'Etat islamique depuis une dizaine de jours dans le nord de l'Irak et la France continue de livrer des armes aux peshmergas kurdes qui combattent cet Etat en Irak et à l'opposition syrienne en guerre avec le régime de Bachar al Assad. Même si ce dernier lutte contre le même ennemi : l'EI. Dans la foulée, Hollande charge Obama. Il lui fait porter la responsabilité de la situation actuelle. « Si, il y a deux ans, il y avait eu une action pour installer une transition, nous n'aurions pas eu l'Etat islamique. Si, il y a un an, il y avait eu une réaction des grandes puissances à la hauteur de l'utilisation (par Damas) des armes chimiques, nous n'aurions pas été face à ce choix terrible entre un dictateur et un groupe terroriste, alors que les rebelles méritent tout notre soutien », martèle Hollande avant d'expliquer sa position sur Ghaza. « La France soutient la médiation égyptienne » et estime que « Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne doivent être considérés comme l'interlocuteur principal », dit-il avant de plaider pour la « démilitarisation » de Ghaza et la « levée du blocus ». La Libye, source d'inquiétude Sur les deux guerres que mène la France en Afrique ? « Au Mali, notre intervention a permis d'éradiquer la plus grande partie de cette menace sans la faire totalement disparaître. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'intervenir directement mais de contrôler les trafics, de sécuriser des zones du territoire et de permettre le dialogue politique avec les Touareg. Même constat satisfaisant en Centrafrique : nous sommes intervenus pour prévenir un génocide et empêcher un affrontement religieux qui aurait offert une perspective à des mouvements terroristes. Là aussi, c'est plus long que prévu, mais nous en avons terminé avec les plus grosses opérations et nous avons préparé une transition », répond-il. Même si ces interventions qui ont été présentées au début comme courtes s'éternisent. « Nous n'intervenons que lorsque nous sommes appelés et nous n'agissons pas seuls : au Mali comme en Centrafrique, les Africains nous ont accompagnés et nous avons réussi à faire venir les Européens », dit-il, précisant que sa plus grande source d'inquiétude en Afrique provient de la Libye. « Les chefs d'Etat africains invités aux cérémonies de commémoration de la Libération, le 15 août, me l'ont répété : attention à ce qui se passe en Libye. L'intervention de 2011 n'a pas suffi car elle n'a pas été prolongée. J'ai fait au Mali ce qui n'a pas été réussi en Libye », admet-il.