L'Afrique monte au front pour traiter à Nairobi, dans une rencontre prévue demain, de la menace terroriste. Face à l'insécurité grandissante prévalant au Sahel, en Somalie et au Nigeria, l'Union africaine sonne la mobilisation pour enrayer, d'Est en Ouest, la progression de l'Aqmi, de Boko Haram et des Shebab qui se revendiquent de la nébuleuse d'El Qaïda et, à la faveur de l'avènement de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, du nouveau-né monstrueux, le Daech, rêvant de prendre pied dans le continent. Si le Moyen- Orient, promis à une refonte radicale, intègre la donne du radicalisme religieux pour participer au projet de démembrement des Etats nationaux et de déstabilisation régionale, la problématique du fléau terroriste profite surtout du terreau de la pauvreté et de la misère endémique pour passer à l'assaut des régions entières passées sous leur coupe comme le montre le grave précédent de l'Aqmi chassé du Nord malien pour se réfugier dans le sanctuaire du Sud libyen, le défi des Shebab minant les fondements de la Somalie et la sécurité du Kenya et, plus prosaïquement, l'annonce du « califat islamique »par Abubakar Shekau dans la ville conquise de Gwoza (nord-est du Nigeria) par Boko Haram imitant son coreligionnaire irakien. Le lien est vite établi entre les filiales de l'Internationale terroriste. « Beaucoup traversent le Sahel, entrent en Libye où ils reçoivent leurs premières formations, et ensuite vont en Syrie et en Irak », estime le chercheur Peter Pham de l'Atlantic Council, un centre de recherche basé à Washington. En tout état de cause, souligne l'ISS (Institut d'étude sur la sécurité), « l'ampleur et la sophistication de leurs récentes attaques (...) requiert une réponse collective plus robuste au niveau régional et continental ». A l'issue de la réunion tenue, en fin de semaine à Nairobi, entre les chefs des services de renseignements et de sécurité (Cissa) de l'UA. Le message de la fermeté a été lancé par le directeur des renseignements extérieurs kényan, Chris Mburu, affirmant qu'il est « important que les pays africains travaillent ensemble, regroupent leurs ressources, partagent leurs renseignements et leurs informations afin de relever le défi ». Car, dans le communiqué final, l'inquiétude autour des menaces pesant sur le devenir des Etats africains s'est fait ressentir notamment pour ce qui concerne « les alliances nouées dans le monde par les groupes terroristes, les sources sophistiquées de financement...et les frontières poreuses ». Le tout sécuritaire est une approche nécessaire, mais insuffisante. La réponse collective au terrorisme et à l'extrémisme réside assurément dans l'éradication des causes fondamentales étroitement liées à l'état de sous-développement et à la bonne gouvernance.