A la différence de Washington et de Londres, qui prennent «très au sérieux» les informations de Wikileaks, Bagdad crie à la manipulation. Navi Pillay, la Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, presse Barack Obama et Nour Al Maliki d'autoriser des enquêtes indépendantes, si possible sous la direction d'un procureur spécial ou d'un panel d'experts internationaux, sur les «allégations» de WikiLeaks, notamment sur les actes de torture et d'abus commis par les forces irakiennes sur des prisonniers. Selon ces 400.000 rapports qui font état de 109.032 personnes tuées entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2009, dont 66.081 civils (plus de 60%), les Etats-Unis étaient au courant de ces abus et de l'assassinat de civils, «notamment à des check-points ou lors d'opérations». «Les autorités américaines et irakiennes doivent prendre les mesures nécessaires pour enquêter sur toutes les allégations formulées dans ces rapports et traduire en justice les responsables de ces homicides illégaux, exécutions sommaires, tortures et autres graves atteintes aux droits humains, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international», écrit Navy Pillay demandant à Al Maliki de «ratifier la Convention contre la torture» et d'autoriser l'équipe des droits de l'homme de la Mission des Nations unies pour l'Irak à visiter les lieux de détention. Manfred Nowak, le rapporteur de l'Onu sur la torture depuis six ans, demande à Obama qui a mis fin aux interrogatoires musclés de l'ère George W. Bush de lancer une enquête sur les accusations de Wikileaks. Il y a «une obligation, conformément à la Convention contre la torture, de mener une enquête indépendante sur toutes les accusations de torture ou de torture présumée», dit-il souhaitant voir Obama ne pas invoquer comme Bush, le secret-défense pour empêcher une enquête complète sur les cas de torture commis par les Américains. A la différence de Washington et de Londres, qui prennent «très au sérieux» les informations de Wikileaks, Bagdad crie à la manipulation. Maliki qui est, selon la Constitution, le commandant en chef des forces armées est convaincu qu'il y a des objectifs politiques derrière ces allégations. Normal. Celui qui aurait eu, selon des documents cités par al-Jazira, des liens avec les «escadrons de la mort» après sa nomination comme chef de gouvernement en 2006, veut rester à son poste.