Mme Pillay a accusé les milices islamistes des shebabs d'avoir «commis des exécutions extrajudiciaires, posé des mines, des bombes et d'autres engins explosifs dans des zones civiles». De graves violations des droits de l'Homme sont commises en Somalie et «peuvent être considérées comme des crimes de guerre», a dénoncé hier la Haut Commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme Navi Pillay. «Il est clair que des graves violations des droits de l'Homme et du droit humanitaire international - pouvant être considérées comme des crimes de guerre - sont commises en Somalie, alors que les combats continuent de ravager la capitale Mogadiscio et que la situation dans le centre de la Somalie reste extrêmement précaire», a déclaré Mme Pillay dans un communiqué. Citant des témoins interrogés par des fonctionnaires de l'ONU, Mme Pillay a accusé les milices islamistes des shebab qui combattent les troupes gouvernementales d'avoir «commis des exécutions extrajudiciaires, posé des mines, des bombes et d'autres engins explosifs dans des zones civiles, et pris des civils comme boucliers humains». Des informations font également état de «tortures et de tirs de mortiers indiscriminés contre des zones peuplées ou fréquentées par des civils» commis par les deux parties au conflit. «Durant les derniers mois, il y a eu également de plus en plus de preuves sur le recrutement d'enfants par différentes factions combattant en Somalie», a ajouté Mme Pillay en précisant que «la majorité de ces enfants sont âgés de 14 à 18 ans». «Les preuves doivent continuer d'être recueillies par tous ceux qui peuvent le faire afin que ceux qui commettent ces crimes terribles en Somalie reçoivent un jour leur juste châtiment devant un tribunal, et que leurs victimes voient enfin que justice leur est rendue», a insisté la Haut Commissaire de l'ONU. «Les civils - notamment les femmes et les enfants - sont les victimes principales de la violence», a-t-elle déploré. «Les personnes déplacées, les défenseurs des droits de l'Homme, les travailleurs humanitaires et les journalistes sont parmi les plus exposés, et sont même dans certains cas directement visés», a dénoncé la Haut Commissaire. «Depuis le début de l'année, six journalistes ont été tués à Mogadiscio, quatre ont été victimes d'assassinats, tandis que les deux autres ont été atteints lors d'échanges de coups de feu entre combattants», a-t-elle précisé. Mme Pillay a également dénoncé les tribunaux mis en place par les insurgés islamistes dans les régions qu'ils contrôlent et qui rendent des sentences «sans procès équitable et en violation tant des lois somaliennes qu'internationales». Ces tribunaux prononcent des peines de mort par lapidation ou par décapitation ainsi que des amputations ou d'autres châtiments corporels, a relevé la Haut Commissaire qui a aussi déploré «les informations faisant état de la destruction de lieux ayant une signification religieux et de cimetières par les groupes Al Shebab». Depuis deux mois, plus de 200.000 personnes ont dû quitter leurs maisons pour fuir les combats et les violences, portant à environ 1,2 million le nombre total de déplacés somaliens, a rappelé Mme Pillay.