L'Association de musique andalouse « Nedjma » de Blida a animé, samedi dernier dans la soirée, un récital à l'esplanade portuaire « Tahtaha » d'Alger, dans une immersion onirique qui a permis de revisiter une partie du patrimoine culturel andalou, rendu dans les techniques et sonorités particulières à l'école blidéenne. Sous la direction de Mahfoud Sameti, onze instrumentistes dont une femme, Amrani El Alia, (seule voix de l'orchestre), ont présenté au public peu nombreux, « Noubet Sika » en mi majeur, déployée dans un mélange savoureux de sonorités, créant des atmosphères chaleureuses mises en avant par la technique et la justesse de Hamidi Abderrahmane au nay (flûte traditionnelle). Dotée d'une voix suave à la tessiture large, Amrani El Alia, jouant à la mandoline, a embarqué l'assistance, une heure durant, dans un voyage où le rêve s'est mêlé à la nostalgie, dans une interprétation brillante de maîtrise et de technique, malgré la difficulté évidente, imposée par la lenteur des différents rythmes composant la nouba (suite conventionnelle de mouvements). Dans une suite où les transitions entre les mouvements se faisaient par des istikhbars, la jeune chanteuse, dans sa belle tenue traditionnelle, a aligné, M'Seddar, B'Taïhi, Insiraf et Khlass, donnant de l'entrain à la cinquantaine de spectateurs avertis qui ont fait le déplacement. Les pièces, Ya Ness Ma Taâdirouni, Ya Sahib El Wedjh'El Djamil, Hibbi'Ladhi Rani Aâchaqou, Kebbeltou Yaddah et Ya Men Dara Me Naâchaqou, ont constitué la suite choisie pour la soirée, rendue par une orchestration dense, au ton relevé des instruments traditionnels, auxquels se sont ajoutées les sonorités percutantes du banjo. Alem Abdellah à la guitare, musicien faisant l'exception, a brillé par un jeu d'accompagnement intelligent, habillant la mélodie, alors chantée par la cantatrice, d'une harmonisation en accords, appuyée par des points de basse, qui a mis en exergue toute la richesse mélodique et rythmique du patrimoine andalou, astreint à son propre style d'orchestration à l'unisson. Fondée en 1963 par un groupe d'artistes issus de Blida, l'Association « Nedjma » de musique andalouse, œuvrant pour la défense et la promotion du patrimoine andalou algérien, a participé à plusieurs festivals culturels internationaux, à l'instar de ceux d'Egypte en 1995, de Turquie en 1999, de Babel (Irak) par quatre fois et de Tan-Tan (Maroc) en 2012. Les 11es Andaloussiate El Djazaïr, placées sous le thème « Nouba Fi Tahtaha », se poursuivent jusqu'au 27 septembre avec les troupes, encore au programme, de Tizi Ouzou, Mostaganem, Koléa, Cherchell, Mascara et Constantine, qui se produiront les jeudis, vendredis et samedis des deux semaines à venir.