L'une des mesures phares arrêtées par le ministère de l'Education nationale pour cette rentrée est relative à la tenue vestimentaire. Les élèves scolarisés, notamment au niveau des deuxième et troisième paliers (moyen et secondaire), sont désormais astreints de porter des vêtements « décents ». Ainsi, les filles ne doivent pas se maquiller ou porter des bijoux et autres accessoires. Les « pantacourts », jupes, robes légères et décolletées seront bannis de l'enceinte scolaire. Les garçons sont également tenus de venir avec des cheveux propres, sans trace d'un quelconque gel et arborer une coupe correcte. Les établissements ont d'ores et déjà mis à exécution ces directives. Dès le troisième jour après le rentrée, des interdictions d'entrée au sein des l'établissements ont été signifiées à tous ceux qui n'ont pas respecté les instructions dûment mentionnées dans le formulaire d'inscription. Celui- ci n' a pas été signé et légalisé par les parents comme une simple formalité qui ne prêterait à aucune conséquence. Vive polémique En réalité, la mesure n'a rien d'exceptionnel. En 2008, le ministère de l'Education nationale avait déjà mis en place un certain nombre de mesures disciplinaires au niveau des collèges et lycées. Une note sous le numéro 786 avait été adressée aux chefs d'établissement des quarante-huit wilayas. Elle enjoignait à ceux-ci d'interdire aux élèves de venir maquillées et de porter des vêtements extravagants dans les enceintes des écoles. Cette décision avait alors suscité une vive polémique entre partisans et détracteurs. Mais une fois le moment de sa mise en application est passé, les verrous ont sauté. Et les mêmes images de jeunes portant des vêtements de fête ont refait surface. D'où certainement la relance d'une telle mesure afin d'atteindre une véritable discipline dans nos établissements. Samia B. affiche son approbation. « Je suis dans l'éducation depuis près de dix ans et je constate d'année en année les difficultés générées par le port de tenues inadéquates aussi bien sur le déroulement des cours que sur les rapports entres les élèves. Cette génération est très précoce. J'estime qu'on ne peut pas venir à l'école maquillée ou en tenue extravagante. L'école n'est pas un podium de mode. Quand je dis cela, c'est valable aussi pour les garçons. Je pense qu'il était temps que le ministère réagisse ». La plupart des parents estiment que cette mesure est justifiée. Halim, père de deux collégiens, affirme : « Lorsque j'accompagne mes enfants, je suis sidérée par ce que je vois. Des filles arrivent au collège maquillées comme des adultes. D'autres sont habillées d'une manière très provocante. D'ailleurs, je me demande si leurs parents les voient à leur sortie de la maison » s'est-il questionné. Récalcitrants Du côté des élèves, les avis diffèrent. Devant le lycée Ahmed-Lebjaoui de Bab Ezzouar, une élève de 1re année secondaire vocifère : « On n'est pas dans une caserne. Je portais un bandana sur mes cheveux lâchés et voilà qu'on exige de moi de les tenir attachés pourtant mes cheveux sont bien ramassés avec le bandana ». Sa camarade n'est pas de cet avis et estime que certaines lycéennes « exagèrent dans leurs tenues. De quoi créer un climat tendu où les agressions verbales ne manquent pas ». Au niveau du lycée Omar El Mokhtar de Bordj El Kiffan, l'application stricte des consignes disciplinaires est remarquée. Les récalcitrants parmi les filles et les garçons campent devant l'entrée principale et tentent d'amadouer les surveillants. Mais rien n'est fait, le règlement est pour l'instant appliqué dans toute sa rigueur. Imade, inscrit en 2e année scientifique, vient d'arriver haletant. « Je suis retourné chez moi pour mettre un pantalon long, pourtant ils me connaissent, j'ai fait une première année calme avec de bons résultats » dira-t-il résigné tout en souhaitant dans ce sillage que « la discipline vestimentaire s'appliquera aux corps enseignant. Au-delà de cette décision, c'est toute une lutte psychologique qui est menée afin de mettre le holà sur une situation qui influe négativement sur le psychique de certains élèves. Pour Meriem Tamni, psychologue clinicienne, thérapeute de famille au CPS Bellili d'Alger-Centre, « cette mesure est très importante et d'actualité puisque des problèmes et des situations complexes sont vécus par certains élèves à cause de la tenue vestimentaire. Aussi, les tenues « inaccoutumées » sont à l'origine des certains problèmes et influent négativement sur le bon déroulement des cours » souligne-t-elle. Notre interlocutrice affiche, par ailleurs, « son adhésion à l'idée d'un uniforme à l'école. C'est l'idéal car cela permettra d'effacer les différences sociales. Nous enregistrons dans nos consultations des cas d'élèves marginalisés et souffrant de difficultés à l'école suite à des p roblèmes vestimentaires.Les parents des salariés moyens ne peuvent répondre aux besoins faramineux de leurs progénitures qui demandent des tenues en référence avec ce que portent leurs camarades. Une telle mesure permet d'instaurer une discipline dans les établissements » soutient cette psychologue clinicienne. La rigueur et la discipline restent la clé de réussite dans chaque domaine, principalement celui de l'enseignement.