« La nomination de Chorfi ne s'est pas faite dans la précipitation, contrairement à ce qui a été rapporté par certains titres de presse », a affirmé le ministre de la Communication, avant d'ajouter : « j'ai été étonné et écœuré à la fois par ces accusations erronées portées à l'encontre de Chorfi par certains journaux. C'est le choix de l'expérience. Une décision prise dans un cadre organisé, rationnel et justifié. Si l'on décide de nommer une personne qui ne maîtrise pas le secteur, elle passera un ou deux ans à tenter de faire l'apprentissage et connaître le fonctionnement de l'audiovisuel. De mon point de vue, il est le bon choix. Il est modeste et chaleureux, il a du caractère et compétent, car il a déjà exercé le métier de journaliste. Il a déclaré qu'il sera au service de toute la corporation. Il veut rassembler et non diviser, je ne connais pas de sommités dans l'audiovisuel que l'on aurait oubliées. De plus, il a l'avantage d'avoir été un parlementaire, il connaît donc les textes. Et pour se conformer avec les textes de loi sur l'audiovisuel, je rappelle qu'il a de suite gelé toutes ses activités politiques pour se consacrer entièrement à sa nouvelle mission. » 200 demandes de carte de journaliste Concernant la composante de cet organisme, Grine a indiqué qu'il ignore encore les noms des huit autres membres - quatre parlementaires et cinq nommés par le président de la République - qui devront épauler Miloud Chorfi. Questionné au sujet de la commission provisoire de délivrance de la carte de journaliste professionnel, Hamid Grine a indiqué que les organes de presse privée coopèrent sans problème pour finaliser le projet. « La commission traite actuellement près de 200 dossiers de demande de carte de journaliste professionnel. Lorsque ces derniers seront identifiés et leur nombre connu, nous irons vers une seconde phase qu'est l'élection de l'autorité de régulation de la presse écrite. Nous comptons procéder à l'installation de celle-ci d'ici à 8 mois au plus tard. D'autres projets sont à l'étude, comme l'accès aux sources d'information ou encore la formation des journalistes. » Sur ce dernier point, Grine a annoncé que des cycles de formation pour les journalistes seront lancés à partir du mois d'octobre, d'abord à Oran en présence d'un journaliste tunisien, puis à Constantine par un formateur français. Interrogé par un journaliste sur les problèmes socioprofessionnels des correspondants de presse, notamment du secteur privé, le ministre a affirmé que les portes du ministère sont ouvertes à tous ceux qui veulent défendre leur droit : « De par mon passé de journaliste, je possède une vision précise de vos problèmes. Je suis le ministre de toute la presse et de tous les journalistes. Je comprends la détresse de certains journalistes, je vois des directeurs de journaux devenir milliardaires d'un côté, et de l'autre, une paupérisation des journalistes, ce qui, pour reprendre la terminologie marxiste, représente une inadéquation entre les détenteurs des moyens de production et les producteurs. Notre projet de professionnalisation de la presse ne pourra peut-être pas diminuer ces écarts mais une chose est sûre, les journalistes seront mieux payés et plus respectés. »« J'ai d'ailleurs un projet pour que quelques titres qui engrangent beaucoup de bénéfices aient également une fonction sociale qui aura comme mission de partager les bénéfices avec les journalistes. » Imprimeries : 400 milliards de créances Hamid Grine a annoncé, en outre, que les créances des imprimeries se chiffraient à 400 milliards de centimes. Pour recouvrer toutes les créances, les imprimeries publiques doivent prendre exemple sur celles des privés, à l'image d'ALDP (Algérie diffusion et impression de presse), a-t-il affirmé, ajoutant qu'en ce qui concerne la suspension de certains titres, ce sont les imprimeries qui prennent les décisions et que le problème n'est pas d'ordre politique. Au sujet de la place de la presse publique dans le paysage médiatique, Grine a rappelé qu'elle souffre avant tout de l'autocensure. « A mon sens, du moment qu'une information est vérifiée et qu'elle ne touche pas aux intérêts du pays, on doit la publier. Une presse professionnelle devrait éviter le sensationnel, le mensonge et l'invective », a-t-il déclaré. Dans la matinée, Hamid Grine, accompagné des directeurs de la Télévision nationale et de la Radio, a visité le siège de la SIE situé à Boumerzoug, comme il s'est rendu au centre de télédiffusion (TDA) de Kef Lakhal sur les hauteurs de Djebel El Ouahch. Sur place, le ministre a pu s'enquérir du programme d'installation des nouveaux équipements en matière de diffusion pour la radio et la télévision, un projet qui touchera les quinze wilayas de l'est et avec comme objectif (délai de 30 mois), l'amélioration de la qualité de réception. A ce propos, le ministre indiquera lors du point de presse que « le taux de couverture a atteint 85%, et le projet sera achevé d'ici à 2016. J'ai particulièrement insisté auprès du DG de la TDA pour que les délais soient respectés, quoique ces derniers soient plutôt liés aux procédures administratives. »