« L'objectif recherché à travers cette loi est de mettre fin au marécage du marché de la publicité », a déclaré le ministre de la Communication, mardi dernier, au forum du quotidien Liberté. « Quiconque, même un étranger, peut ouvrir une boîte de communication, il suffit juste d'un registre du commerce. Nous allons donc assainir la situation », a-t-il précisé. La première mouture de ce texte est prévue pour le mois de septembre. « Nous sommes en train d'introduire quelques éléments de manière à privilégier la préférence nationale. Ce sont les entreprises nationales qui offrent plus d'emplois qui vont être avantagées », a-t-il précisé. Le statut de journaliste fait également l'objet de révision. « Si le projet passe, je vous assure que les journalistes seront gagnants car il y aura des garde-fous », a-t-il signalé. La distribution des journaux sera revue à travers la création d'une entreprise de diffusion pour la presse publique. Les autres chantiers déjà ouverts concernent l'installation des autorités de régulation de l'audiovisuel et de la presse écrite, le conseil de l'éthique et de déontologie et la commission chargée de la délivrance de la carte de journaliste professionnel, « sur qui repose l'installation de tous les autres organes hormis celui de l'audiovisuel dans la mesure où c'est cette commission qui définira qui est journaliste et qui ne l'est pas », a précisé le ministre. Cette carte assurera « l'accès aux sources d'information ». Les journalistes freelance et ceux qui travaillent dans des boîtes de communication bénéficieront également de cette carte. Des changements vont également toucher la Radio nationale. Le ministre a estimé que « les chaînes nationales doivent être captées automatiquement et sans la moindre recherche ». Pour atteindre cet objectif, il a annoncé la révision du mode de diffusion et de fréquence en passant de la bande FM aux grandes et moyennes ondes pour « exporter la voie de l'Algérie et sa culture, en plus du travail de la diplomatie, vers les pays voisins ». Une réunion bilan avec les responsables de la TDA est prévue, lundi prochain, pour faire avancer ce chantier. La radio doit, selon lui, renforcer sa mission d'information de proximité « en utilisant le dialecte local » et en « valorisant deux aspects fondamentaux à savoir la promotion de la femme et de l'environnement ». Le ministre a également annoncé le lancement d'une inspection du ministère du Travail pour vérifier que « les contrats de travail des journalistes et leur affiliation à la sécurité sociale sont respectés ». Interrogé sur les journaux dont le tirage a été suspendu par la société d'impression (SIA) faute de paiement, Hamid Grine a affirmé qu'il a refusé de s'immiscer dans ce conflit « entre deux entités économiques » pour éviter que cela soit interprété comme « un problème politique ». Son intervention a consisté à donner des instructions à l'imprimerie : résister à toute forme de pression, assurer un traitement équitable et éviter la politique de deux poids, deux mesures. La SIA a déjà récupéré 20 milliards de centimes sur les 400 milliards de créances. « Les journaux qui ont payé leurs dettes ont été imprimés ce qui prouve que l'opération est exclusivement commerciale », a précisé Grine. Sur le cas du quotidien Djazaïr News, toujours suspendu, le ministre a affirmé que ce journal « n'est plus un support viable pour l'annonceur public » soulignant que « la publicité de l'Anep n'est pas un droit concessionnel ». Pour lui, l'assainissement de la scène médiatique n'est pas une question de courage mais de bon sens. « Certains journaux sont heureux de ne plus apparaître car ils ont laissé derrière eux des ardoises, mais d'autres méritent d'être aidés », a-t-il souligné, affirmant qu'en plus d'une comptabilité saine et une bonne gestion des ressources humaines, un propriétaire vertueux est « celui qui n'oriente pas les rentrées de la manne publicitaire dans ses poches mais les investit dans l'entreprise ». A propos des chaînes de télévision privées, le ministre a rappelé qu'entre les 10 ou 11 chaînes, 5 ont obtenu des autorisations provisoires d'émission. « Je ne veux pas que l'expérience de la presse écrite se reproduise dans la télévision dont l'impact est plus important », a-t-il affirmé. A ce jour, deux rappels à l'ordre avec avertissement ont été adressées à deux chaînes de télévision privées « pour troubles à l'autorité publique ». « On n'a pas jugé nécessaire de les interdire car elles sont de droit international ». Ceci dit, le ministère n'hésitera pas à sévir « en fermant leur bureau d'Alger » si des dérapages sont signalés. Sur la création de chaînes de radios privées, il a indiqué que la priorité est accordée à l'amélioration de la presse écrite. En affirmant que le chantier de l'Anep n'est pas encore « une priorité », Hamid Grine a estimé que le rôle de l'agence publique de publicité ne doit pas se limiter à l'achat des espaces publicitaires sur les journaux. « Je la vois en super outil de promotion de l'image de l'Algérie ». De ce fait, il a suggéré la création d'une agence destinée à la valorisation de l'image de l'Algérie.