Plus de 500.000 élèves, tous paliers confondus, sont, annuellement, évincés du système scolaire pour des raisons multiples. Certains abandonnent prématurément l'école, avant d'atteindre l'âge obligatoire de la scolarité (16 ans). Dans tous les cas de figure, ils sont nombreux à se retrouver en dehors de l'école en pleine crise d'adolescence, une étape de la vie qui n'est pas du tout facile à gérer. Si certains recalés se dirigent vers la formation professionnelle en optant pour l'une des spécialités qu'elle offre, d'autres, par contre, ne voient pas l'utilité d'une telle formation et versent directement dans le monde du travail ou se retrouvent carrément dans la rue exposés à tous les vices. Pour l'année 2014-2015, 160.000 stagiaires se sont inscrits pour l'apprentissage de métiers divers, selon le premier responsable du secteur. Parmi les exclus qui ne rejoignent pas les centres de formation professionnelle, certains préfèrent d'autres espaces qui leur permettent d'acquérir une qualification professionnelle sur le tas. C'est le cas de beaucoup de jeunes filles et garçons. Cette option leur permet d'être actifs plus rapidement sachant que les débouchés sont connus d'avance et ils n'auront pas à attendre un hypothétique recrutement. Omar a quitté l'école à l'âge de 16 ans, après des redoublements répétés au cycle primaire. Le père, très vigilant, n'a pas laissé la rue accueillir son fils. Il l'accompagne dans tous ses déplacements pour l'initier à son métier de peintre puisqu'il n'a aucun attrait pour l'école. Très obéissant, l'enfant a appris le métier. Au début, il secondait son père dans toutes les tâches de cette profession. Petit à petit, l'enfant développe un penchant pour ce métier. Et il ne le regrette pas. « Au début, j'étais réticent, mais mon père a pu me convaincre de l'intérêt de cette entreprise. Au fil du temps, j'ai pu apprendre le métier et l'aimer. Maintenant, je travaille et je gagne bien ma vie. De bouche à oreille, les gens ont commencé à me connaître et j'ai un plan de charge distinct de celui de mon père. J'ai gagné beaucoup de temps en m'exerçant chez mon père », atteste-t-il. Omar n'est pas le seul à choisir la formation libre, Mourad a été engagé par son voisin tôlier, très renommé dans la région et même à l'extérieur. Sur le tas, il lui a appris tous les secrets du métier. Il l'encourageait avec une prime minime. Maintenant, après trois années de dur labeur et de sérieux, le patron lui confie toutes les tâches de réparation. Il a un salaire conséquent qui lui permet de vivre dignement. « Je n'aime pas l'école, j'avais toujours un penchant pour les travaux manuels », dit-il. Redouane, quant à lui, a quitté l'école très précocement, à 14 ans. Toutes les tentatives de ses parents de le réinsérer à l'école se sont vouées à l'échec et il ne lui restait que la rue. En voyant son fils se noyer dans un milieu de délinquants, son père a pu le repêcher en temps opportun en lui confiant la responsabilité de son épicerie qui se trouve juste à côté de sa maison. « Je le supervise quotidiennement et même sa maman a l'œil sur lui », a confié son père. Adel, 17 ans, est orphelin de père. Après une scolarisation de neuf ans, il était contraint de quitter l'école « pour aider ma mère qui souffre pour nous élever moi et mes frères et sœurs », dit-il. Adel n'a aucune qualification professionnelle. Son oncle l'a engagé comme receveur de bus. Tous ces enfants exclus de l'école ont pu être pris en charge par leur entourage, mais il est d'autres qui n'ont pas eu cette chance et sont livrés à eux-mêmes dans les rues.