«Tu seras instituteur, mon fils, et tu couleras des jours heureux.» Vieille rengaine des parents d?élèves d?avant les années 1950? De nos jours, le père ne jure que par le diplôme d?architecte ou de médecin : «Tu te feras beaucoup de fric, ma fille.» Autres temps, autres m?urs. Dans ces deux cas de figure, le choix de l?enfant (garçon ou fille) est relégué au second plan, pour ne pas dire ignoré. Ce sont les parents qui choisissent pour leurs enfants. Il n?y a qu?à les observer, lors du cérémonial des fiches de v?ux à remplir, en 9e AF et à l?entrée à l?université. Cette pratique anti-démocratique (le choix des parents) fait entrer en jeu des facteurs subjectifs qui n?ont rien à voir avec la raison. Obliger son enfant à suivre une filière ou à embrasser une carrière qu?il refuse ,relève soit d?une tendance à surestimer sa valeur, soit de l?orgueil (pas toujours bien placé). Ce genre de parents traîne quelque part un complexe, celui de ne pas avoir réalisé le rêve d?exercer ce métier qu?ils prédestinent à leur enfant. Ils ont de l?ambition à sa place, même si ce dernier ne la partage nullement. D?aucuns voient à travers ce comportement parental un égoïsme qui explique leur ranc?ur à chaque échec. Surtout lorsque son enfant échoue dans la course au rêve, à son rêve (celui du père). On a vu des parents s?en prendre aux enseignants pour une note jugée faible. Ils les accusent de tous les maux : incompétents, injustes, trop mous ou trop autoritaires... L?essentiel est de trouver le bouc émissaire pour justifier cet échec consommé d?une ambition par procuration. Pour se déculpabiliser lorsqu?ils sont obligés de reconnaître la responsabilité de leur enfant, ces parents exagèrent en sens inverse. Ils le traitent de bon à rien, de raté et autres noms d?oiseaux qui font mal et qui laissent des traces dans le c?ur et l?esprit sensibles de l?adolescent. Entre les balises de l?orientation scolaire et les pressions des parents, l?enfant n?a pas le choix. Son véritable profil, ses attentes et ses penchants iront mourir au chapitre «pertes et profits» d?une éducation mal adaptée à la nature humaine. Exclu ? officiellement dit «orienté vers la vie active» ?, l?élève s?en ira chercher des adresses d?écoles de formation professionnelle. Faut-il encore qu?il soit bien renseigné sur ce secteur décrédibilisé par la vox populi?