Le ministère espagnol des Affaires étrangères a finalisé, la semaine dernière, sa nouvelle « Stratégie d'action extérieure » (SAE), une « feuille de route » diplomatique pour les quatre prochaines années. Ce document fixe les grandes lignes d ́action qui seront la priorité de la diplomatie espagnole durant cette législation. Le conflit du Sahara occidental figure sur la liste de ces priorités. Il est dit, dans ce texte, que la question de l ́ancienne colonie espagnole « continue d ́être de grande sensibilité pour les Espagnols » et que l ́Espagne restera « attachée à son engagement de solidarité avec le peuple sahraoui et continuera d ́être son premier donateur d ́aide humanitaire ». Les associations de soutien à la cause sahraouie se comptent, en effet, par dizaines en Espagne où elles ont installé leurs cellules dans les 17 régions autonomes et les centaines de municipalités. Les Espagnols estiment avoir une « responsabilité historique » envers le peuple sahraoui dont le territoire avait été abandonné au profit du Maroc à la faveur des accords secrets de Madrid de 1994. C ́est à cette dette morale et politique que fait allusion le document élaboré par le ministère dirigé par José Manuel Garcia Margallo quand il réitère son attachement à « la position traditionnelle de l ́Espagne » sur son ancienne colonie. « Une solution juste, durable, mutuellement acceptable par les deux parties impliquées dans ce conflit », le Maroc et le Front Polisario, et fondée sur le respect du « droit à l ́autodétermination du peuple sahraoui ». La « Stratégie d ́action extérieure » espagnole ne fait aucune référence au plan d ́autonomie marocain que le roi Mohammed VI a voulu imposer à Christopher Ross comme « unique base de travail » dans les négociations formelles que mène le représentant personnel du SG de l ́Onu pour le Sahara occidental. C ́est dans cette perspective que le diplomate américain prépare une nouvelle tournée maghrébine qui se heurte aux tergiversations du Maroc. Les spécialistes de la question sahraouie en Espagne n ́ont pas manqué de relever que la SAE du gouvernement Rajoy sur le Sahara occidental tranche nettement avec l ́analyse développée par le dernier rapport de l ́Institut Real Elcano, contrôlé par le Parti socialiste (Psoe). Le directeur de ce forum, qui est connu pour faire partie du lobby pro-marocain, est l ́une des rares voix en Espagne à qualifier de « réaliste et crédible » le plan d ́autonomie avancé par le roi Mohammed VI. Les autres thèmes importants de la SAE sont, outre la priorité des priorités pour l ́Espagne qu'est la construction de l'Union européenne, avec l ́option pour « le modèle fédéral et non pas seulement pour une union des Etats souverains », le conflit israélo-palestinien et la « solution des deux Etats », ainsi que les confits en Libye, en Irak et en Syrie.