La question du Sahara Occidental a émergé dans les débats de la 67e session de l´Onu sur les grands problèmes qui préoccupent la communauté internationale. Une nette tendance a été observée chez la plupart des intervenants en faveur de la tenue incontournable d´un référendum d´autodétermination au Sahara Occidental. En même temps, M. Christopher Ross, le représentant personnel du SG de l´Onu, Ban Ki-moon, pour l´ancienne colonie espagnole, contesté par le Maroc, a reçu un appui unanime des pays qui ont du poids aux Nations unies. Pourquoi ce changement dans l´approche internationale de ce problème de décolonisation qui s´est heurté à un jeu subtil des intérêts de certaines puissances étrangères, dont la France et l´Espagne ? Le Maroc ne siège pas au Conseil de sécurité pour «contribuer à la paix dans le monde» comme il l´avait souligné au moment de faire acte de candidature à ce poste, l´année dernière. Il s´est employé activement à partir de cette position à paralyser le processus de négociations directes avec le Front Polisario, difficilement engagé sous la médiation onusienne. Des négociations en huit rounds qui n´ont jamais pu déboucher sur la relance du processus de décolonisation du territoire sahraoui, malgré les efforts exceptionnels déployés à cette fin par M. Christopher Ross. A ce jour, Rabat cherche la tête du diplomate américain dont le tort a été d´afficher clairement, dès le départ, son soutien au droit du peuple sahraoui à l´autodétermination et, plus récemment, en avril 2012, d´avoir adressé un rapport au SG, transmis ensuite au Conseil de sécurité, sur les obstacles dressés par les autorités marocaines à la mission de la Minurso, organisme onusien que les organisations humanitaires mondiales encouragent à veiller sur la situation des droits de l´homme au Sahara Occidental. La stratégie de l´impasse Le Maroc avait réussi jusque-là dans sa stratégie de l´impasse, fort des complicités dont il jouissait auprès de la France, sous Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy, durant près d´une vingtaine d´années de gouvernement de droite. Aidé par l´Espagne, sous le socialiste José Luis Zapatero, dont le parti, le Psoe, est encadré par des membres actifs du lobby pro-marocain, Paris avait bloqué toutes les initiatives susceptibles de déboucher sur une solution à ce problème de décolonisation. Toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ont été retouchées pour fragiliser son caractère exécutoire ou pour éviter à son allié une sanction internationale pour violations des droits de l´homme dans le territoire qu´il occupe illégalement depuis novembre 1975. En poste depuis janvier 2010, le diplomate américain Christopher Ross avait balisé sa médiation sur ce conflit de décolonisation. Le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination n´est pas négociable dans le processus de recherche d´une solution politique négociée dans le cadre de l´ONU entre les deux parties impliquées dans ce contentieux, le Maroc et le Front Polisario. Le respect des droits de l´homme n´est pas davantage négociable. Contrarié par l´intransigeance de M. Ross sur ces deux principes, le Royaume du Maroc, sous les conseils de Nicolas Sarkozy, lequel aspire aujourd´hui à devenir conseiller spécial du Roi Mohamed VI pour les grandes questions politiques (dont le Sahara Occidental), demandera, il y a quelques mois, à Ban Ki-moon de changer de représentant personnel pour le Sahara Occidental. Le vœu de Rabat serait la nomination d´un diplomate européen plus acquis à ses thèses et plus maniable par la France à l´image du prédécesseur à ce poste de M. Ross, le Hollandais Peter van Walsum, récusé par le Front Polisario. L'autonomie, une recette qui a fait faillite chez elle Moulay Rachid, le prince héritier du trône alaouite, est allé plaider, ce week-end, à New York, en faveur de la relance du processus de dialogue sur la question sahraouie. Il s´est gardé d´insister sur le départ de M. Ross, comme on le fait au Maroc depuis des mois, sachant qu´il y a une nouvelle donne sur la question du Sahara Occidental. Sarkozy et Zapatero ne sont plus là pour faire le jeu de l´obstruction diplomatique au plan international. Et puis, M. Ban Ki-moon refuse toujours de se passer des services du diplomate américain qui vient de recevoir, officiellement et publiquement, la confiance de l´Espagne. Depuis la tribune de l´AG, le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel García-Margallo, a été clair dans la position de son pays sur son ancienne colonie. Le droit du peuple sahraoui est incontournable et M. Ross «peut compter sur le soutien politique et matériel de l´Espagne». Un franc succès pour le Front Polisario et un appui dont M. Ross avait grandement besoin, déjà qu´il n´est plus contesté en France avec l´arrivée des socialistes au pouvoir, en mai dernier. La donne sur le dossier sahraoui a donc changé ce qui rend plus difficile la position que Moulay Rachid est allé défendre devant l´AG : «la reprise des négociations dans le cadre de la marocanité du Sahara». Entendre l´autonomie dans le cadre de la souveraineté du Royaume. Pour désamorcer l´aspiration à l´indépendance des Sahraouis, Mohamed VI s´accroche à cette formule inspirée du système autonomiste espagnol. Une recette qui fait déjà faillite chez elle avec la montée du sentiment indépendantiste en Catalogne. Le parti de Zapatero parle d´aller vers un système fédéraliste.