1er Novembre 1954, 1er Novembre 2010, soit 56 ans déjà. C'est l'âge d'un homme adulte. Pourtant, l'esprit et le message du 1er Novembre 1954 sont toujours vivaces car ils représentent des repères indélébiles pour la nation algérienne. Ils symbolisent l'esprit de sacrifice de tout un peuple pour défendre sa dignité, son honneur et son indépendance. Il a accepté de payer un très lourd prix pour retrouver sa liberté spoliée par cent trente-deux années de colonialisme. Un colonialisme unique dans les annales de l'histoire de l'humanité par la barbarie qu'il a fait subir aux Algériennes et aux Algériens. Les massacres du 8 mai 1945 ne représentent que la partie visible de l'iceberg de la politique de répression, de destructions matérielles et de déculturation culturelle. Durant toute la colonisation, l'Algérie a subi un véritable génocide culturel comme l'attestent les tentatives du colonialisme d'étouffer, voire d'effacer, les traits distinctifs de la personnalité algérienne. Ses attaques contre cette personnalité ont pris des formes diverses mais toutes aussi pernicieuses les unes que les autres. C'est ainsi qu'il tenta de substituer la langue et la culture algériennes aux siennes. Même l'histoire plusieurs fois millénaire du peuple algérien a été mise entre parenthèses au profit de celle du colonialisme. C'est dire les souffrances incommensurables vécues par notre peuple durant cent trente- deux années. Dès les premières années de l'occupation coloniale, une véritable stratégie, sans foi ni loi, a été mise en œuvre en encourageant des centaines de milliers de colons, venus des quatre coins de l'Europe, à s'installer sur les terres des Algériens. Le but est d'occuper tout le territoire fertile en chassant ses véritables propriétaires vers les contrées les plus pauvres et les plus désertiques afin qu'ils disparaissent sous l'effet de la famine, de la malnutrition et des maladies. En un mot, on a compté sur la nature ingrate pour achever le travail d'élimination physique (qui se déroulait d'ailleurs sur une grande échelle). Une politique implacable de peuplement étranger par la langue, la religion, la culture et les traditions qu'on a voulu plaquer sur une terre qui appartient à un peuple. L'on comprend dès lors les tenants et aboutissants du soulèvement populaire du 1er Novembre 1954. Le peuple algérien s'est soulevé par les armes, car il n'y avait pas d'autres recours, pour se réapproprier sa terre, sa langue, sa culture et dans ce sillage sa dignité bafouée, son honneur et son indépendance. Le combat libérateur fut long, sanglant et destructeur car le colonialisme ne lésina pas sur les moyens pour briser ce sursaut salvateur. D'ailleurs, à l'indépendance, le bilan fut tout simplement effarant car peu de peuples dans le monde ont payé un tribut aussi lourd pour recouvrer leur liberté. Le peuple algérien a tourné la page de la colonisation mais sa mémoire a enregistré pour l'éternité ce qu'il a enduré. Les générations se succèdent mais l'esprit et le message de Novembre se transmettent comme un flambeau sacré car il symbolise l'unité et l'espoir de tout un peuple, car, le message de Novembre, c'est aussi l'action pour un avenir meilleur. Aujourd'hui, la meilleure façon de lui rester fidèle est de construire le pays pour éliminer ses vulnérabilités, toutes ses vulnérabilités, et lui assurer une place de choix dans le concert des nations. La construction d'une économie moderne, compétitive, diversifiée et densifiée hors-hydrocarbures est un défi majeur qu'il faut absolument relever. De même, l'on ne peut concevoir l'avenir de l'Algérie sans le parachèvement de l'édifice de la démocratie et de l'Etat de droit, moderne et puissant pour mieux assumer son rôle de régulation et de protection, l'Etat est le ciment de l'unité nationale et territoriale autour duquel il faut s'unir. C'est cela aussi le message profond et éternel du 1er Novembre 1954.