La crise s'aggrave. Au bord du chaos, la République centrafricaine est aujourd'hui menacée dans la transition porteuse d'espoir de stabilisation et de réconciliation. Dans le camp des milices chrétiennes des « anti-balaka », chassant en janvier 2014 du pouvoir leurs ennemis jurés de la Seleka à dominante musulmane, le consensus n'est plus de mise. La transition en douceur est menacée par l'« ultimatum » lancé à la présidente intérimaire Catherine Samba Panza. Elle est sommée de quitter ses fonctions dans les 48 heures. Au lendemain d'une assemblée générale, tenue à Bangui, le retrait de confiance a été prononcé. « La coordination du mouvement anti-balaka estime que les autorités de transition n'inspirent plus confiance et demande aux personnalités représentant les anti-balaka au gouvernement et au cabinet du Premier ministre de démissionner », déclare le coordonnateur national des anti-balaka, Patrice Edouard Ngaissona. Tout l'édifice patiemment élaboré s'écroule pour laisser place à un sentiment de frustration, alimentée, selon les FRD (forces révolutionnaires pour la démocratie), par la « nomination inattendue » de Mahamat Kamoun au poste de Premier ministre jugée en violation de l'esprit de consensus et de concertation dictée par la Charte de transition. Mais, le coup de grâce des « anti-balaka » a ruiné les chances de paix et de réconciliation prônées par la présidente de l'Etat Samba Panza pliant sous une tonne d'accusations. La charge violente des « anti-balaka » est ainsi motivée, selon son coordonnateur, par son « incompétence notoire » à la tête de l'Etat, le « détournement d'une partie de l'aide financière octroyée par le gouvernement angolais au gouvernement centrafricain, la volonté de ramener « des soldats tchadiens pour assurer sa sécurité personnelle », et, enfin, « l'intention d'écarter les responsables anti-balaka de la transition ». La sentence est donc sans appel : le départ de deux ministres proches de ce mouvement en poste dans les départements du Tourisme et de l'Environnement. Même si la présidente Samba Panza a démenti, la semaine dernière, les accusations de détournement d'un don angolais de 10 millions de dollars en liquide révélé par le magazine Jeune Afrique du 29 septembre, ses jours semblent comptés. La main tendue de Paris sauvera-t-elle la transition en état de mort cérébral ? Arrivée à Bangui le 6 octobre pour 48 heures, Hélène Le Gal, la conseillère Afrique de François Hollande, a tenté de remettre sur les rails le processus appelé à se doter le plus rapidement possible d'un « chronogramme électoral », a-t-elle déclaré à la presse au sortir d'une audience avec la présidente intérimaire centrafricaine.