La visite impromptue du secrétaire général, Ban Ki-moon, effectuée samedi en Libye, confirme la détermination de la communauté internationale à remettre sur les rails une transition menacée par le règne des milices et la déliquescence institutionnelle traduite par la défiance islamiste d'un parlement démocratiquement élu mais néanmoins forcé à l'exil de Tobrouk, l'un des derniers territoires sous sa juridiction. De Tripoli passé sous le contrôle de la coalition islamiste de Fajr Libya à Benghazi aux mains d'Ansar Al-Charia, en passant par l'émirat en jachère de Derna, la « zone grise » développe la menace perceptible de la « globalisation du terrorisme » qui, tout en s'appuyant sur le sanctuaire sud libyen, s'inscrit dans un arc transfrontalier allant de l'Irak au Nigeria, en passant par la Syrie, le sinaï égyptien, la Somalie et le Sahel. Si le monde s'affaire à vaincre l'EI dans son antre irakien et syrien, la poudrière libyenne est tout aussi inquiétante. La persistance de la menace de déstabilisation est nettement exprimée par le message délivré par Ban Ki-moon. Après l'assassinat d'un colonel de l'armée, vendredi dans des combats à Benghazi, la violence fait rage à Tripoli où 21 morts ont été enregistrés, hier. Le challenge du dialogue ne sera pas de tout repos. A l'ouverture d'une rencontre des députés rivaux, tenue en présence de la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, des émissaires français, britannique, maltais et italien, le secrétaire général de l'ONU est revenu sur le processus de négociations entamé à Ghadamès sous l'égide de l'ONU, le 29 septembre, et considéré, à juste titre, comme « une première étape courageuse ». Il est évident que « le chemin sera long et difficile », a reconnu Ban Ki-moon qui a clairement établi qu'il « n'y a pas d'alternative au dialogue ». La sortie de crise passe nécessairement par le renforcement de la légitimité du parlement et d'un « gouvernement fort » pour desserrer l'étau des milices appelées à se retirer des villes et des bâtiments officiels. De nouveau, un appel à la cessation des combats a été lancé. « Soyons clairs, sans un arrêt immédiat des affrontements violents et sans le rétablissement d'une paix durable, prospérité et vie meilleure seront un rêve lointain », a-t-il martelé. Dans l'enfer libyen, la paix de toutes les attentes est, d'abord, le choix du peuple libyen, maître assurément de son destin, accompagné par les bonnes volontés de soutien manifestées par l'Algérie, respectueuse des décisions souveraines du partenaire libyen et prête à s'investir, selon les traditions de coopération et de bon voisinage qui lui sont propres, dans un avenir de stabilité profitable aux peuples de la région.