La bataille de Kobané entre dans une nouvelle phase. L'armée américaine a largué, dimanche dernier, des armes aux Peshmergas (combattants kurdes) qui défendent Kobané, une ville syrienne près de la frontière turque assiégée, depuis le 6 octobre dernier, par Daech. Armes, munitions et matériel médical ont été largués sur l'enclave aux combattants kurdes de Syrie retranchés à Kobané. Selon le centre de commandement américain pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, trois avions cargos ont largué 27 colis d'armes et de matériels fournis par les autorités kurdes d'Irak. « Ces armes auront un impact positif sur les opérations militaires », soutiennent les Unités de protection du peuple, espérant « en recevoir plus ». Les Américains, qui ont mené jusqu'à présent près de 150 frappes aériennes contre le groupe terroriste à Kobané et rencontré la semaine dernière pour la première fois des Kurdes syriens, espèrent combiner désormais leurs frappes avec une « résistance continue sur le terrain » pour faire « basculer à tout moment l'équilibre des forces ». Cette initiative indispose la Turquie. Pressée par les Etats-Unis d'intervenir militairement contre Daech qui occupe cette ville ou d'armer les combattants kurdes de Syrie, Ankara a régulièrement exprimé ses réticences. La raison ? Les Kurdes de Syrie qui militent dans le PYD (Forces de défense populaires) sont, selon Recep Tayyip Erdogan, l'équivalent du Parti des travailleurs du Kurdistan turc, le groupe terroriste qui mène depuis 30 ans une insurrection pour réclamer l'autonomie du sud-est de la Turquie. Se retrouvant une fois de plus en porte-à-faux avec ses alliés de la coalition qui le soupçonnent de « complaisance » avec Daech, hier, à la surprise générale, Erdogan a opéré un virage à 180 degrés. « Nous allons aider les Peshmergas à franchir la frontière pour aller à Kobané », a déclaré Mevlut Cavusoglu, son ministre des Affaires étrangères. « Nous n'avons jamais voulu que Kobané tombe », dit-il, sans commenter cette « initiative » des Américains avec lesquels, se contente-il de dire, « nous coopérons pleinement pour nous débarrasser de toutes les menaces qui pèsent sur la région ». Parmi celles-ci, les analystes citent la possibilité de voir l'espace pris actuellement par Daech devenir, avec toutes les armes « larguées » et l'arrivée des mercenaires de près de 80 pays, un second Afghanistan.