Le marché ibérique ou « île énergétique » au sein de l'Union européenne, alimenté en gaz algérien via notamment le Medgaz, pourra enfin porter sa capacité d'interconnexion (exportation gazière) avec le réseau français, de moins de 3% actuellement, à 10% en 2020 puis à 15% en 2030. Le sommet des « 28 » a reconnu, pour la première fois, que l'interconnexion énergétique est un « problème européen » et non celui de l'Espagne, principal partenaire énergétique de l'Algérie d'où elle a importé, durant les trois preliers trimestres de l'année en cours, près de 60% de ses besoins gaziers. Le projet était bloqué depuis de nombreuses années en raison des tergiversations de la France. Le président François Hollande a fini donc par opter pour ce mégaprojet dont l'Espagne a fait l'une des priorités de son action à Bruxelles et que le président espagnol Mariano Rajoy a qualifié, hier, d'« accord politique ». Les pressions étaient fortes depuis jeudi dernier à Bruxelles pour faire aboutir cet accord. Déjà, le 26 juin dernier, l'Espagne, le Portugal et la Pologne avaient cosigné une déclaration conjointe par laquelle ils demandaient à la Commission européenne (CE) d'accélérer la réalisation du projet d'interconnexion énergétique. Dans le document qu'ils avaient adressé à la CE, les trois pays insistaient, sur fond de crise en Ukraine, sur « la diversification des sources d'approvisionnement énergétique de l'Union européenne pour mieux assurer l'autonomie » de ses marchés. L'absence d'une politique énergétique commune aux « 28 » avait exposé des pays comme la Pologne à des pressions en matière d'approvisionnements (de gaz naturel) « pendant que d'autres partenaires européens disposent d'excédents de stocks qu'ils refusent de partager », ont fait observer les trois pays signataires de cette déclaration qui demandent que « soit mis fin à ces îlots énergétiques » au sein de l'Union européenne. Grâce à l'accord qui vient d'être signé par le Conseil européen, la mise en service de Midcat, le gazoduc unissant l'Espagne à la France, devrait s'accélérer pour permettre à l'Espagne d'écouler une plus importante quantité de gaz naturel (algérien) sur le marché européen. Ce gazoduc a une capacité de livraison de 12 bcm (12 milliards m3 de gaz). Dans sa phase de plein rendement, il couvrira 7,5% des importations gazières européennes depuis la Russie. Tous ces arguments n'avaient pas suffi alors pour convaincre Paris de céder aux pressions espagnoles. Le gouvernement français était hésitant, aussi, pour des raisons financières, car les trois pays voulaient que les 5,85 milliards d'euros du Fonds européen destinés au développement du marché de l'énergie de l'UE soient affectés en priorité à l'interconnexion des réseaux gaziers français et espagnol. Ce document fait ressortir, également, le consensus qui se serait dégagé entre les « 28 » en matière de protection de l'environnement et l'option pour les énergies renouvelables. Pour ces mêmes experts, il n'est pas évident que les leaders européens respecteront à 100% les trois objectifs qu'ils se sont fixés vendredi à Bruxelles : réduire de 40% les émissions de CO2. Un bloc de pays, à leur tête la Pologne, consommateurs de charbon, ne voient pas d'un bon œil la politique environnementale de la Commission européenne.