Le quotidien spécialisé Expansion croit savoir que ce projet, vieux de neuf ans, pourrait voir le jour dans les « prochains mois ». La déclaration commune signée par les deux présidents annonce la création, à cet effet, d'un groupe de travail mixte et l'élaboration d'un « traité international » afin d'accélérer sa réalisation. Associé à la dynamisation actuelle du marché ibérique de l'électricité, ce nouvel instrument convertira la péninsule ibérique en une « alternative rentable pour les approvisionnements énergétiques de l'Europe », souligne la déclaration hispano-portugaise. D'autres initiatives sont envisagées pour accélérer la création de ce « marché du gaz ibérique ». Madrid et Lisbonne se sont engagés à « assouplir l'exécution des projets d'intérêts communs dans les délais fixés et d'assurer leur nécessaire financement ». Enfin, Rajoy et Coelho ont insisté durant leurs entretiens sur l'« importance des interconnexions énergétiques depuis la péninsule ibérique avec le reste des pays du continent européen à travers un réseau d'infrastructures adéquat qui contribuera à la réduction de l'utilisation du charbon ». C'est là que le Medgaz (gazoduc Beni Saf Almeria) et le GME (reliant l'Algérie à l'Espagne à travers le territoire marocain) prennent toute leur importance pour la faisabilité du projet ibérique et le reste du marché gazier européen. La crise ukrainienne a relancé, ces derniers temps, le débat sur la régularité des approvisionnements en gaz naturel des marchés européens qui restent tributaires de la Russie qui assure 30% des besoins des pays de l'Union européenne, dont le tiers de ces livraisons transite toutefois par le territoire ukrainien. Les milieux du secteur énergétique en Espagne plaident pour un renforcement des connexions des réseaux gaziers avec la France. Le 29 mai dernier, le journal espagnol ABC avait recueilli une déclaration du président de Sedigas, Antonio Peris, affirmant que « l'Espagne est en mesure de fournir aux marchés européens 12% de leurs importations en gaz russe », mais que « cette alternative dépendait de l'accélération de la troisième connexion qui unira l'Espagne à la France via la Catalogne par le gazoduc Midcat ». La capacité de livraison de ce gazoduc pourrait atteindre les 15,1 bcm (1 bcm = 1 milliard de mètres cubes) contre 5,4 bcm assurés par le réseau actuel. Le même jour, son confrère El Pais publiait une analyse du président de l'Association espagnole des compagnies de recherche, d'exploration et de production des hydrocarbures sur l'« absence d'un plan de réduction de la dépendance de l'Union européenne en gaz et en pétrole ». Antonio Martin Pascual propose comme « l'une des solutions prioritaires pour l'Europe l'interconnexion des réseaux espagnol et français à travers le Midcat ». Ce gazoduc permettra « d'intégrer l'Europe atlantique et la Méditerranée et d'ouvrir ainsi une voie européenne au gaz en provenance de l'Algérie à travers Medgaz et GME ». Antonio Martin Pascual avait fait observer que « l'Algérie, premier partenaire énergétique de l'Espagne, a éloigné le risque d'une crise des approvisionnements en gaz russe ». Les milieux syndicats du secteur gazier espagnol soulignent que l'Algérie, partenaire énergétique fiable, s'est toujours acquitté honorablement de ses engagements internationaux, en particulier dans ce secteur.