Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et plusieurs ministres et membres du gouvernement ont assisté, vendredi soir, au complexe olympique Mohamed-Boudiaf, au spectacle « Malhamat El Djazaïr El Kobra », (La grande épopée de l'Algérie). Cette œuvre artistique est un véritable documentaire historique, qui relate l'Algérie à travers 24 siècles. Elle a été conçue à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale. Cette manifestation est organisée par le ministère des Moudjahidine et en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information (ONCI). Des artistes incarnant chacun un personnage dansent sur des chorégraphies aux couleurs de l'Algérie. Cette épopée est un voyage au cœur de l'histoire. Le spectacle prend forme à mesure que se déroulent les événements « mis en mouvement » par l'émérite chorégraphe Riad Beloual. Mise en scène par Omar Fetmouche, sur un texte du regretté Omar El Bernaoui, soutenu par des textes en proses de l'Emir Abdelkader, Abdelhamid Benbadis et Moufdi Zakaria, ainsi que les poésies d'Abou El Kacem Khemmar, Azzeddine Mihoubi, Slimane Djouadi et Brahim Seddiki. Le spectacle, d'une durée de deux heures, a été conduit par près de 300 comédiens. Authentique et époustouflant. Sur scène, ces jeunes séduisent. Un réel travail corporel de gestes et de mouvements d'un art consommé. Des rythmes profonds exprimant toutes les sensations. Ces artistes ont réussi à faire passer des messages qui parlent aussi bien de la joie de vivre que du bonheur d'exister. On croit presque ou plutôt on confondrait ce spectacle avec ceux de Broadway. Spectacle énergique Il a été réalisé en 1994 au moment où l'Algérie traversait encore des moments sombres et douloureux s'ouvrant sur une décennie noire. L'œuvre artistique retrace l'histoire de l'Algérie à travers de nombreuses étapes. L'œuvre débute par une chanson « Haïma Ana », superbement interprétée par Lamia Betouche, dans son rôle de l'Algérie. Cette chanson met en exergue et symbolise la personnalité de l'Algérie à travers les âges et les périodes. Puis interviendra dans la même lignée le personnage du narrateur. S'enchaîneront des tableau montrant la vie qui prévalait à l'époque préhistorique, chorégraphie accompagnée d'une chanson intitulée « Houna », relatant les origines et le mode de vie des premiers habitants de l'Algérie. La seconde période, celle des Amazigh, des tableaux montrant l'apparition des armées berbères et l'émergence et l'empreinte des personnalités marquantes, à l'image de Massinissa, Jugurtha et Takfarinas, suivi de tableaux évoquant des batailles entre l'armée amazigh et l'armée romaine. Quant à la période des vandales, un tableau illustre l'invasion sauvage accompagnée d'une chanson intitulée « Nahnou Bouass ». Un tableau évoque saint Augustin et sa mort, suivi par un tableau sur la période de décadence. Le spectateur a suivi enfin le tableau sur la période des conquêtes musulmanes, notamment avec le passage de Okba Ibnou Nafaa et la Kahina. De nouvelles scènes sur les évènements d'octobre 1988, la tragédie nationale des années 1990, la concorde civile, la réconciliation nationale et la période des réalisations de projets socio-économiques ont constitué la suite de la version présentée en 1994 de « Malhamat El Djazaïr ». Le spectacle inscrit dans le registre du théâtre de l'épopée a été conçu dans une vision moderne, usant de techniques audiovisuelles où la projection d'images et de vidéos ainsi que le play-back pour les dialogues et les chansons, ont donné plus de présence aux évènements, les rapprochant ainsi de la réalité. La trame menée par Mohamed Adjaïmi, dans le rôle du narrateur, et Lamia Betouche, a reposé sur des « référents collectifs » évoluant sur un rythme soutenu où les différentes étapes de l'histoire de l'Algérie ont été rendues dans des situations génériques. « Nous avons pris le soin de rendre au public l'épopée de l'Algérie par la profondeur esthétique et artistique, laissant les détails de l'histoire aux historiens », a indiqué Omar Fetmouche. A la manière de Peter Brook, sur une scène vide qui offrait généreusement son espace aux comédiens, le spectacle a évolué, accueillant des décors suggestifs au fur et à mesure de son évolution dans une scénographie signée Boukhari Habbal. Le metteur en scène, secondé par Ayoub Amriche, assurant une bonne direction des comédiens, a misé sur le jeu scénique, la beauté des nombreux costumes, œuvre de Salima Kourari, et l'éclairage concluant qui a aidé à la création de différentes atmosphères. Les chorégraphies bien travaillées de Ryad Beroual ont donné plus d'énergie au spectacle, avec de belles figures de groupes en mouvements synchronisés dansant sur des rythmes renvoyant à plusieurs régions du pays. Mme Nadia Labidi, ministre de la Culture, et M. Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine ont déclaré à l'unisson : « Nous célébrons le 60e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er-Novembre 1954 en souvenir des luttes et sacrifices consentis par le peuple algérien, avec toutes ses composantes ». « Il s'était levé comme un seul homme pour secouer le joug colonial et par là même inscrire la plus belle des épopées », ont-ils affirmé. Le spectacle entièrement écrit en arabe classique aura cependant manqué d'originalité, faute de présence de chansons interprétées en amazigh, ce qui aurait donné plus d'enracinement et d'ampleur au combat libérateur