Les rebelles chiites d'Ansarullah du Yémen ont donné, vendredi dernier, dix jours au président Abed Rabbo Hadi Mansour pour former un gouvernement. Ils ont, en outre, appelé à la création de comités révolutionnaires à travers le pays. Les membres de ce groupe, appelés également Houthis, ont rallié près de 30.000 chefs de tribu à Sanaâ, affirmant que « toutes les options révolutionnaires étaient ouvertes » si le président ne répondait pas à leur demande. En vertu d'une entente négociée avec l'ONU, le président yéménite devait nommer un nouveau Premier ministre en consultant deux conseillers, un des Houthis et un de la région du Sud. Par la suite, le président serait appelé, avec le nouveau Premier ministre, à nommer des ministres qui présenteraient leur programme au Parlement le mois suivant. L'accord édicte que les rebelles chiites retireront leurs troupes de toutes les villes en plus de redonner toutes les casernes à l'armée. Mais depuis la nomination du Premier ministre Khaled Bahah, il y a un peu plus de deux semaines, les partis ne sont pas parvenus à s'entendre sur les modalités de la formation du nouveau gouvernement. Le président Hadi avait proposé de donner neuf sièges au parti au pouvoir tout en nommant quatre ministres dits « souverains », les habitants du Sud séparatiste et les Houthis, six postes chacun, alors que les autres partis politiques se partageraient neuf sièges. Ces derniers ont refusé cette offre en présentant deux options, soit les 24 factions obtiennent chacune un poste, soit seuls les technocrates indépendants sont nommés au cabinet. Le président yéménite, originaire du Sud, se retrouve obligé de négocier avec les rebelles chiites qui depuis leur bastion à Saâda, dans le nord du pays, ont lancé en été dernier une offensive fulgurante qui leur a permis, le 21 septembre, de prendre le contrôle de la capitale, Sanaâ, avant d'étendre leur influence au centre et au sud-ouest du pays, entrant dans la ville portuaire stratégique de Hodeida, sur la mer Rouge, puis dans les provinces de Dhamar et d'Ibb où trois personnes ont été tuées, hier, dans des affrontements nocturnes entre ces rebelles et les gardes d'une permanence du parti islamiste sunnite Al-Islah.