La lutte de pouvoir que se livrent le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, et son Premier ministre, Abdiweli Sheikh Ahmed, compromet les fragiles avancées du pays vers le retour à la paix, ont mis en garde hier les Nations unies et l'Union européenne (UE). Le mois dernier, le Premier ministre avait remanié son gouvernement, évinçant un certain nombre de ministres proches du président. Irrité, ce dernier a agi au niveau du Parlement. Il a demandé aux députés de voter une motion de défiance contre le Premier ministre. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Somalie, Nicholas Kay, a estimé que les tensions « mettaient en danger » les objectifs politiques du pays, notamment par un référendum prévu sur une nouvelle Constitution l'an prochain, avant les élections de 2016. Il s'est aussi inquiété d'informations, selon lesquelles, des députés recevraient des pots-de-vin. « La Somalie et les Somaliens méritent mieux », a-t-il estimé. L'envoyé spécial de l'UE, Alexander Rondos, a relayé les « profondes inquiétudes » liées aux « divergences » exprimées publiquement par les deux dirigeants. « Cela a déjà un impact sur le fonctionnement des institutions fédérales, de l'Etat somalien et sur les objectifs de reconstruction de la paix », a-t-il estimé dans un communiqué. « La Somalie a besoin de paix », a-t-il poursuivi. « Elle a besoin d'une direction politique responsable. » En place depuis 2012, l'actuel gouvernement soutenu par la communauté internationale, peine, comme les précédents, à asseoir son pouvoir au-delà de Mogadiscio et de sa périphérie, malgré les défaites successives infligées par la force militaire de l'Union africaine dans le Centre et le Sud, aux islamistes Shebab. Dans de nombreuses régions, ces insurgés, en partant, laissent la place à des chefs de guerre qui imposent leur propre autorité. Ce problème pèse sur la sécurité alimentaire de ce pays privé d'une réelle autorité centrale depuis la chute du régime du président Siad Barre, en 1991. La semaine dernière, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a souligné le risque d'une nouvelle famine en Somalie, trois ans seulement après la précédente au cours de laquelle plus de 250.000 personnes étaient mortes de faim. Dans le même sillage, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a lancé un appel d'aide de 49 millions de dollars pour éviter une crise alimentaire dans le sud de ce pays de la Corne d'Afrique.