Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui a rencontré, lundi dernier, à Washington, le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, ne lui a pas soumis de projet de règlement du conflit israélo-palestinien. « Il n'y a actuellement pas de projet de présentation d'un plan de paix », a déclaré, avant cette réunion qui s'est déroulée à hui clos, la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. « Nous avons évidemment toute une série de conversations avec eux (Israéliens et Palestiniens, Ndlr) en privé, mais il n'y a aucun projet », a-t-elle insisté. Les Etats-Unis estiment que « c'est aux (deux) parties d'agir » pour œuvrer à une solution à deux Etats, israélien et palestinien, a répété Mme Psaki. « Nous n'agirons que si nous estimons que c'est productif », a ajouté la porte-parole de la diplomatie américaine. « Si les deux parties manifestaient la volonté de retourner » à la table des négociations, elles trouveraient en Washington « un partenaire de bonne volonté, mais je ne crois pas que nous ayons eu des preuves de cela dernièrement », a-t-elle déploré. Ces propos démentent ceux tenus samedi par un responsable palestinien. Selon ce dernier, le secrétaire d'Etat devait proposer à son interlocuteur des « solutions intermédiaires », et ce pour « dissuader » l'administration palestinienne d'aller au Conseil de sécurité pour réclamer la fin de l'occupation israélienne. Malgré le veto américain qui les guette, les Palestiniens sont déterminés à poursuivre leurs démarches. Ils soumettront courant novembre leur projet de résolution fixant un calendrier pour la fin de l'occupation israélienne. Depuis l'annonce de cette initiative, Kerry martèle qu'il est « impératif » de relancer le dialogue entre les deux camps, un processus « réalisable » selon l'artisan des pourparlers de paix entre juillet 2013 et avril 2014 et dont l'administration ne veut pas recourir au veto. Son unique objection au Conseil de sécurité, depuis l'élection de Barack Obama, a eu lieu en 2011 contre l'adhésion de la Palestine à l'ONU en tant que membre permanent. Quelques heures avant la rencontre Kerry-Erakat, le ministère israélien de l'Intérieur a donné son feu vert à la construction de 500 logements à Al Qods occupée qui connaît déjà de vives tensions. La droite israélienne insiste à se rendre au parvis de la Mosquée d'Al Aqsa, troisième lieu de l'Islam, où il est interdit aux juifs de prier. Selon les analystes, ce feu vert délivré alors qu'Al Qods est arrivée au « point d'ébullition » constitue « un camouflet » pour le secrétaire Kerry. Le négociateur en chef palestinien a estimé que cette annonce démontre à nouveau que le gouvernement israélien « fait le choix de la colonisation plutôt que des négociations ». « La communauté internationale doit se rendre compte que les communiqués n'arrêtent pas les colonies israéliennes », a-t-il souligné. « Pour sauver la solution à deux Etats, nous appelons de manière urgente tous les pays à reconnaître diplomatiquement l'Etat de Palestine sur les frontières (d'avant) 1967. Nous pressons la communauté internationale, y compris l'administration américaine, de soutenir notre initiative pour une résolution du Conseil de sécurité qui fixerait une date butoir pour la fin de l'occupation israélienne », a ajouté Erakat qui a également abordé avec Kerry les « tensions » à Al Qods-Est et de la « situation » dans la bande de Ghaza sur laquelle des négociations indirectes doivent avoir lieu prochainement au Caire. Anticipant ces rencontres, le parlement israélien a voté hier une loi empêchant la libération de certains détenus palestiniens dans le cadre d'accords politiques ou d'échanges de prisonniers.