Selon l'examen des boîtes noires, le conducteur du train roulait à une vitesse de 108 km/h alors que sur ce tronçon, celle-ci est limitée à 30 km/h. Le déraillement du train Alger-Thénia dans la matinée de mercredi dernier serait dû à l'excès de vitesse lors du changement de voie au niveau de la gare d'Hussein Dey. C'est ce qui ressort des premières conclusions de l'examen des boîtes noires. « L'enregistrement des données de circulation du train a fait état d'une vitesse de 108 km/h, alors que la vitesse autorisée sur une voie déviée est limitée à 30km/h », a rapporté, jeudi dernier, dans un communiqué, la commission d'enquête au niveau du ministère des Transports. L'accident serait donc dû à une erreur humaine. L'enquête préliminaire a également écarté toute cause liée à l'état des rails. « La voie ferrée et les installations étaient en bon état de fonctionnement », a assuré la commission. De même pour la signalisation. « La visibilité des signaux était bonne », a encore précisé la commission. L'accident serait dû soit à une mauvaise interprétation de la signalisation par le conducteur du train, soit à la non-observance des instructions mises en place au niveau du poste d'aiguillage, relatives à l'arrêt obligatoire s'agissant d'une voie déviée, ou probablement les deux à la fois », a précisé la commission. La commission a assuré que l'enquête devra « déterminer les causes et les responsabilités ». Il est à rappeler qu'une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet d'Hussein Dey, qui a confié le dossier à la Gendarmerie nationale. Des commissions rogatoires ont été déjà dépêchées par la juge d'instruction. Le parquet avait qualifié les faits d'homicide involontaire et blessures involontaires contre X. Le conducteur, considéré comme le premier responsable, sera-t-il poursuivi ? Pour les enquêteurs de la GN, « on ne peut rien avancer jusqu'à la clôture de l'enquête et l'audition de toutes les parties, le conducteur, des passagers, des cadres et des agents de la société ». Les enquêteurs vont auditionner, en tant que témoins, au début de la semaine prochaine, les rescapés de l'accident, notamment ceux qui se trouvaient à l'intérieur des premiers wagons. Des blessés ont été déjà entendus sur place. Le conducteur, Younès D., est toujours hospitalisé au service de réanimation du CHU Mustapha-Pacha. « Son état s'est stabilisé », a assuré, hier, un proche de sa famille. Younès D. est technicien en informatique et a rejoint la SNTF au début de l'année 2013. Il avait été soumis à des cycles de formation. Le directeur de la SNTF (Société nationale du transport ferroviaire), Aktouche, a précisé que les conducteurs des trains électriques sont formés et soumis à des tests psychotechniques. Le conducteur sera auditionné, dans les prochaines heures, par les enquêteurs de la GN afin de répondre aux premières conclusions de l'enquête, notamment celle liée à l'excès de vitesse. Par ailleurs, les experts en accidentologie de l'Institut national de la criminalistique et de criminologie (INCC) de la GN ont clôturé leur travail sur le terrain et sont passés à l'examen des données. Des techniciens de scène de crime ont reconstitué l'accident. D'autres spécialistes ont procédé à la vérification de la vitesse et du système de freinage afin de déterminer, scientifiquement, les véritables causes du drame. « Un dossier technique basé sur une expertise sera transmis à la justice », a affirmé le chef de l'équipe des enquêteurs. En attendant, le trafic ferroviaire au niveau de la gare d'Alger a repris progressivement jeudi dernier. Suite à l'accident, des travaux ont été aussitôt lancés pour l'évacuation des débris et le réaménagement de la ligne ferroviaire endommagée.