La 5e édition des journées cinématographiques d' Alger, qui s'est clôturée mercredi dernier, a été marquée par la projection du documentaire « La révolution de Dahmane El-Harrachi » de Farah Alama et par l'annonce du palmarès par le jury. La scénariste et réalisatrice, Nassima Guessoum, a décroché le grand prixpour son film documentaire « 10949 femmes ». Son film de 72 minutes relate l'histoire de Nassima Hablal, une héroïne oubliée de la révolution algérienne. Elle y évoque aussi le parcours d'autres combattantes comme Baya et Nelly. A travers ces récits, l'histoire se reconstitue à la manière d'une grand-mère qui parlerait à sa petite-fille. Ce film donne à voir cette transmission de la première à la troisième génération. « 10.949 femmes » rend hommage aux combattantes de l'ombre à travers ce portrait émouvant. Le film a été très applaudi par un public ému aux larmes par la sincérité du verbe et les qualités morales d'une femme qui a, pourtant, fini sa vie dans la solitude et dans un cadre de vie négligé à Alger. Secrétaire au cabinet du Gouverneur général d'Algérie et militante de l'organisation féminine du PPA dans les années 1940, elle a été recrutée par Abane Ramdane en tant que secrétaire du Comité de coordination et d'exécution (CCE). Ses activités, notamment de propagandiste, lui ont valu de connaître 17 prisons et centres de torture, y compris outre-Méditerranée. Carrefour culturel Plus d'une trentaine de films, venus de quatorze pays, ont été projetés. Les JCA offrent l'occasion d'inscrire une démarche de dialogue interculturel entre les créateurs venus d'horizons différents, d'installer l'échange et le partenariat entre les cinéastes algériens et les créateurs d'ailleurs. Les JCA est le premier festival de cinéma lancé à Alger en 2009 et il est considéré comme le carrefour culturel entre l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. Interrogé sur le choix des œuvres, Abdelkrim Bahloul, président des JCA 2014, nous a affirmé : « Je suis impressionné par la qualité d'inspiration des jeunes réalisateurs algériens. Je me faisais une idée vieillotte du cinéma algérien, surtout que ces films sont réalisés dans le cadre de la célébration du déclenchement de la Révolution. J'encourage cette initiative et souhaite qu'on finance davantage ces jeunes talents. » Cette manifestation cinématographique indépendante est un mouvement initié par de jeunes réalisateurs et cinéphiles qui avaient fait la promotion du court métrage et du documentaire. Dès leur lancement, les JCA ont bénéficié du soutien du ministère de la Culture, de l'Onda et de la cinémathèque. Chaque année, de nombreuses stars accompagnent la manifestation. Les cinéastes algériens Said Ould Khelifa, Amor Hakkar, Rachid Bouchareb, Nadia Zouaoui et étrangers comme l'Egyptien Ahmed Atef, les Français Régine Abadia et Angélo Cianci, le Marocain Mohamed Belhaj, le Palestinien Nizar Hassan, le Grec Nikos Megrelis ou encore la star turque Nadir Saribacak et la critique syrienne Lama Tayara, étaient présents. Ces journées ont surtout lancé la carrière de nombreux jeunes et cinéastes algériens et permis à d'autres de s'illustrer dans le paysage cinématographique. Avec un programme riche en invités, en conférences et en échanges, les JCA animent la scène cinématographique en créant un carrefour de rencontres et de débats. L'association « A nous les écrans » veut organiser les JCA dans de meilleures conditions de projection, notamment avec l'utilisation du DCP, standard actuel pour une projection numérique de qualité.