Plus d'un mois après les élections législatives, le premier Parlement tunisien, démocratiquement élu, a choisi, jeudi, comme président, Mohammed Ennaceur, 80 ans, un ancien ministre des Affaires sociales du fondateur de l'Etat tunisien indépendant et un proche de Béji Caïd Essebsi, 88 ans, chef de Nidaa Tounès et « favori » du deuxième tour de la présidentielle. Seul candidat, le vice-président du parti Nidaa Tounès, vainqueur des législatives, a reçu les voix de 174 élus sur les 214 présents. Dans un bref discours, il a remercié ses collègues et promis que le Parlement agira dans « un cadre consensuel » qui garantira les « libertés et les droits de l'Homme » et s'attellera « à bâtir un Etat de droit ». Sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali, Ennaceur a quitté le devant de la scène politique sans pour autant rompre avec elle, devenant représentant de la Tunisie auprès des institutions des Nations unies à Genève. Après la révolution de janvier 2011, il a retrouvé le portefeuille des Affaires sociales dans le gouvernement Essebsi, qui a organisé cette année-là les élections de l'Assemblée nationale constituante remportées par Ennahda. Les députés ont élu aussi deux vice-présidents, Abdelfattah Mourou, l'un des fondateurs du parti islamiste Ennahda, deuxième des législatives et Faouzia Ben Fedha, élue de la troisième formation du Parlement, l'Union patriotique libre, un parti dirigé par l'homme d'affaires et patron de club de foot, Slim Riahi. Malgré leur opposition frontale, les deux premiers partis se sont ainsi accordés pour élire un représentant de chacune des formations. Nidaa Tounès a exclu de former une grande coalition avec les principaux adversaires d'Ennahda, sans pour autant exclure des accords au cas par cas. Les tractations pour former une majorité et un gouvernement doivent avoir lieu après la présidentielle courant décembre.