La mosquée en sa qualité d'institution sociale est impliquée dans la lutte contre la violence à travers les morchidate. Elles sont appelées à jouer un rôle prépondérant dans l'instauration de la sérénité et mettre un terme à ce phénomène qui ternit l'image de l'islam. Ce rôle a été longuement évoqué lors d'un séminaire national organisé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, hier, à Dar El Imam (Mohammadia) sous le thème « La violence familiale et les moyens de prévention » à l'intention des morchidate venues des 48 wilayas. Lors de cette rencontre, la première du genre, la vice-présidente du Sénat, Zahia Benarous, a souligné la mondialisation de ce phénomène qui « n'est pas propre à l'Algérie ». Estimant que les outils juridiques ne peuvent à eux seuls mettre un terme à cette violence, elle a expliqué que la sensibilisation et l'éducation restent le moyen adéquat. Mme Benarous ne manquera pas de rappeler l'impact de la violence durant la décennie noire et son influence sur les rapports humains aujourd'hui. Pour la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, Mounia Meslem, « la violence familiale est un problème qui nous interpelle pour préserver la cellule qui constitue notre société ». La ministre a fait part de son inquiétude face à « la violence verbale et physique contre les enfants, les femmes et même les personnes âgées ». Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a réitéré la nécessité de « montrer l'image pieuse et civilisationnelle de l'islam et de faire barrage à ceux qui veulent nuire à notre religion ou en donner des interprétations erronées ». Le ministre a défié toute personne prouvant que le Prophète Mohamed (QSSSL) battait ou a battu une des ses épouses. La commissaire-divisionnaire, Kheïra Messoudène, a souligné que dans la majorité des cas, la femme violentée renonce à entamer une procédure juridique et se culpabilise. Témoins des violences La facilité d'approche des morchidate des femmes a permis de tisser une relation de confiance. Lors de violence conjugale, ces morchidate deviennent les confidentes de ces âmes meurtries. Parmi les participants à ce séminaire, une morchida de Tipasa qui témoigne de la violence des coups portés aux femmes. « Nous recevons des cas de femmes violentées dans la majorité des cas par le mari. La plus choquante des situations est celle vécue par une femme de 22 ans, qui a été battue par son mari lui causant un grave traumatisme crânien nécessitant 35 points de suture. Le plus grave est que le mari l'a ensuite enfermée. Il a fallu l'intervention du beau-père qui voyant le sang couler par dessous la porte, a évacué la victime à l'hôpital. Une fois cet acte commis, le mari a tout bonnement demandé pardon », s'est-elle désolée. Une autre morchida de Boumerdès avoue que l'Algérien, de par sa nature colérique, n'arrive pas à contenir ses émotions et agit par la violence. Une attitude qui détruit les rapports entre les époux. Ceci en plus d'un autre phénomène, celui de la consommation des stupéfiants qui fait des ravages. Le consommateur sous l'effet de ces drogues ou en situation de manque se venge sur son épouse ou ses enfants. Elle citera plusieurs cas de femmes violentées avec des conséquences désastreuses sur les liens familiaux et le devenir des enfants.