Des maris acariâtres, colériques et prêts à jouer des poings pour une hrira mal assaisonnée, ça existe. Ça court même les rues, et le nombre de femmes admises au service des urgences du CHUO, depuis le début du Ramadhan, est là pour prouver que la violence contre les femmes n'a pas reculé. En effet, le bureau d'admission du Centre hospitalo-universitaire d'Oran a enregistré à ce jour 65 cas de femmes admises pour bénéficier de soins à la suite de violences subies dans la cellule familiale. «Au cours de la première quinzaine du mois sacré, nous avons enregistré 37 cas de femmes battues, dont 26 épouses ayant subi une violence parfois à main armée de la part de leur conjoint ou compagnon», affirme une source du service des urgences. Notre interlocuteur indique que la violence contre les femmes n'est plus un phénomène devant lequel il faut se taire. «Plusieurs femmes, redoutant des représailles, préfèrent ne pas recourir au dépôt de plainte. Nous avons pris en charge une femme, mère de quatre enfants, qui a été violemment battue par son mari, un multirécidiviste notoire. Les blessures subies au visage, au cou, aux bras et même sur l'abdomen ont nécessité la pose de points de suture. Nous lui avons délivré un certificat d'incapacité de travail de 25 jours, et au lieu de se rendre au parquet pour le dépôt de plainte, elle a préféré repartir chez elle une fois sortie du service. Les femmes doivent prendre conscience que leur silence alimente cette violence», soutient notre source. Un médecin rattaché à ce service estime quant à lui que la violence contre les femmes a toujours existé dans la société algérienne. «Seulement, elles s'exacerbe durant le Ramadhan. Un mari privé de café et de tabac et ayant les nerfs à fleur de peau devient violent. Il peut commettre l'irréparable et regretter son geste une fois le f'tour consommé», fera-t-il remarquer. Pour notre interlocuteur, il n'y a pas d'âge pour être bourreau ou victime. «Les victimes et les bourreaux se recrutent dans toutes les tranches d'âge et toutes les conditions sociales. Le silence devant cette violence ne fera que l'alimenter», indiquera-t-il.Hier, alors que les service des urgences totalisait 65 admissions de femmes pour violences conjugales depuis le début du mois sacré, aucune plainte n'a été enregistrée au niveau du parquet d'Oran, ce qui renseigne sur le tabou qui entoure encore ce phénomène.