Le Pakistan en deuil se réveille de son long cauchemar. Au lendemain du bain de sang commis par un commando du Mouvement des talibans du Pakistan (Tehreek-e-Taliban Pakistan, TTP), à Peshawar, la main criminelle qui s'est abattue sur la famille scolaire coupable d'abriter les « enfants de plusieurs hauts gradés » a dépassé en horreur les pires ignominies : le massacre d'enfants exécutés de manière « aléatoire » par la frange radicale du TTP désavouée par l'autre fraction qui aurait pris une distance avec le djihad. Car, il s'agit bien de cela : un djihad hérétique lancé contre des enfants et fondamentalement, contre un lieu de savoir qui reste une cible privilégiée. Le bilan macabre est éloquent : 132 écoliers recensés sur les 141 personnes assassinées, 121 enfants sur les 141 blessés. Le carnage de Peshawar, lancé en représailles contre l'armée en lutte contre le sanctuaire d'al Qaïda et les talibans au Waziristan du Nord, a soulevé une vague d'indignation au Pakistan et dans le monde. Le chef d'état-major de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif, a qualifié les talibans d'« ennemis de l'humanité toute entière ». De retour de son exil saoudien, le Premier ministre Nawaz Sharif, tout acquis au début de son mandat aux négociations avec les talibans, a opéré un tournant stratégique en nommant le général Raheel Sharif à la tête de l'armée en défenseur de la nouvelle doctrine militaire qui considère la lutte contre l'insurrection des talibans comme une priorité absolue. Une doctrine confortée par « la tragédie nationale » provoquée par « des sauvages », dénoncée en termes virulents par le Premier ministre présent sur les lieux du sinistre. « Ces enfants étaient mes enfants, ceux de la nation », a-t-il martelé. La riposte est fulgurante : l'annonce de la levée du moratoire sur la peine de mort dans les cas de terrorisme. Cette décision qui fait craindre le risque de « sur-utilisation » soulevée par des organisations de défense des droits de l'homme annonce de fait le durcissement de la lutte antiterroriste. La forfaiture des talibans pakistanais a suscité le lâchage en règle de leurs frères d'armes afghans quand bien même ils sont coupables de nombreux attentats contre des civils en Afghanistan. Dans un communiqué, le porte-parole Zabihullah Mujahid, a dénoncé « le meurtre prémédité d'innocents, qui est contraire aux préceptes de l'islam ». La césure est consommée dans la famille des talibans vouée aux gémonies par la communauté internationale condamnant, par la voix du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, « cet acte odieux dans les termes les plus forts possibles ». Face à cette attaque « terrifiante » et « odieuse », le président Obama a prescrit, de plus belle, le combat contre le « terrorisme et l'extrémisme ».