Oued Souf est devenu, l'espace d'une décennie, la première région productrice de pomme de terre en Algérie. Couvrant près de 24% des besoins nationaux, cette wilaya voit grand en orientant son potentiel vers l'exportation pour s'assurer une place sur le marché international. Agriculteur né, Saâdoune Zeghib nous dit un peu plus sur les secrets de cette terre qui est généreuse. La dixième édition du salon Sud'Agral s'est achevée. Quelle est votre appréciation ? Cette édition a été une réussite vu l'engouement et l'intérêt des professionnels et du grand public. Elle a permis de faire connaître les potentialités d'El Oued en matière de production végétal et animal, qui sont des éléments stratégiques dans la politique du gouvernement qui aspire à répondre, en qualité et en quantité, aux besions des citoyens en produits agricoles. Le salon a consacré une partie de son programme aux nouveautés dans les domaines de la recherche et des énergies renouvelables. L'objectif de la chambre a été atteint dans la mesure où nous avons pu conclure trois partenariats dans l'énergie solaire, le stockage des produits agricoles, les intrants et la semence. Après les résultats réalisés à El Oued en matière de production de pomme de terre, notre prochain objectif est de passer à l'exportation et d'assurer un bon placement de ce produit sur le marché international. Vous avez déjà tenté une expérience dans l'exportation de la pomme de terre ? Oui. Nous avons exporté cette année 686 tonnes de pomme de terre vers la Russie et 22 tonnes vers l'Espagne l'an dernier. Le marché international a ses spécificités. Il y a des normes à respecter d'où l'initiative de sensibiliser et de former les agriculteurs pour devenir compétitifs. El Oued est le premier producteur de pomme de terre au niveau national. Comment avez-vous développé cette activité ? Dans les années 1990, El Oued était une région à vocation phoenicicole et agropastorale. Il y a eu l'introduction de quelques variétés de pomme de terre rouge comme la condor, la partina et la karoda. La spounta a eu également un succès car c'est la mieux adaptée à la région. En 2004, il y avait 800 producteurs de pomme de terre, actuellement, leur nombre varie entre 4.000 et 5.000. Cela a eu comme effet une petite modification de la carte agricole de la wilaya. La région d'Oued Ghir, la frontière avec Biskra et Ouargla, est restée 100% à vocation phoenicicole, Oued Souf s'est transformée en région maraîchère alors que la frontière avec la Tunisie et le nord-est agropastoral. Il y a donc une grande variété de produits. La superficie de la production de pomme de terre a nettement évolué et est estimée à 35.000 ha, alors que celle de la datte connaît une stabilité. Où en est la production ? La production varie entre 350 et 400 quintaux par hectare. En 2008, nous avons fait un essai avec la fédération française de pomme de terre et ACI et obtenu un pic de production de 720 quintaux/hectare. Mais la semence de la pomme de terre est toujours importée... Effectivement, Oued Souf dépend à 100% de la semence importée. On dit qu'on ne peut pas produire de la semence ici et que notre pomme de terre ne peut pas être stockée ou conservée. Je réfute catégoriquement ces deux thèses. Je ne suis pas convaincu ni en ma qualité de fellah ni encore moins en ma qualité d'agronome de ces deux hypothèses qui ne sont pas logiques. Les pénuries de ce produit sont récurrentes. El Oued a-t-elle les capacités de produire plus ? On peut répondre jusqu'à 50% des besoins nationaux à condition de mettre en place les moyens nécessaires. A cet effet, l'Etat peut intervenir en assurant la disponibilité de la semence et en permettant la maîtrise du processus technique d'irrigation. Il est temps de penser à rationnaliser l'utilisation de l'eau, car on exploite une nappe non renouvelable. La mécanisation à 100% de la filière est également impérative pour mettre un terme au problème de la main-d'œuvre. La tomate d'Oued Souf commence à faire son chemin ... La tomate est le bébé des agriculteurs qui la cultivent depuis à peine cinq ans. C'est un produit qui a évolué très rapidement et plus vite que la pomme de terre. Actuellement, nous sommes à 800 quintaux/hectare et son prix reste stable autour de 30 DA/le kg. Si ça continue comme ça, El Oued deviendra, dans deux ans, un leader dans ce créneau. Autre particularité, l'utilisation de la fiente de poulet pour fertiliser les exploitations agricoles ... C'est devenu un marché juteux et une véritable charge pour les agriculteurs qui payent un camion à 140 millions de centimes alors qu'avant, ils le payaient pour se débarrasser de ce produit qui s'avère aujourd'hui d'une grande utilité. Qu'en est-il de l'oléiculture ? L'olive est un produit récemment introduit en application de la décision politique d'implanter 100 oliviers dans chaque commune. Nous avons essayé deux variétés, à savoir chemlal et segouasse. C'est concluant. On peut développer cette filière et avoir une bonne production à condition de faire le bon choix variétale.