Sony Pictures a fait volte-face, mardi dernier, en autorisant aux Etats-Unis une sortie limitée de « L'interview qui tue ! », sa comédie parodiant le leader nord-coréen, défiant ainsi les pirates informatiques qui ont menacé les salles qui le projetteraient. L'incident, révélé le 24 novembre, avait été revendiqué par un groupe de pirates « Guardians of the peace » (GOP), exigeant du studio de cinéma qu'il annule la sortie de « L'interview qui tue ! ». Le GOP avait, notamment, menacé de s'en prendre aux salles de cinéma qui montreraient la comédie, agitant le spectre des attaques terroristes du 11 septembre 2001. La plupart des grandes chaînes de cinéma américaines, dont Regal et AMC, avaient renoncé à programmer le film, conduisant Sony Pictures à annuler sa sortie, avant de changer de braquet mardi dernier. Le film sortira, finalement, aujourd'hui, jour de Noël, comme le studio de cinéma l'avait initialement prévu, dans « plus de 200 salles », selon une porte-parole de Sony Pictures, alors qu'il aurait bénéficié de quelque 2.500 salles environ s'il avait été distribué dans les réseaux des grandes chaînes nationales de cinémas. « Nous n'avons jamais abandonné l'idée de distribuer ‘'L'interview qui tue !'' et nous sommes heureux que notre film sorte (...) le jour de Noël », a déclaré le directeur général de Sony, Michael Lynton dans un communiqué. « Nous continuons parallèlement nos efforts pour nous assurer que des plateformes (de distribution via internet) et davantage de salles » diffuseront le film, a-t-il ajouté. Le réalisateur Michael Moore, connu pour ses documentaires incisifs comme « Bowling for columbine », a indiqué, sur Twitter, qu'il montrerait le film dans sa salle, The Bijou, à Traverse City (Michigan, nord). « Le peuple a parlé ! La liberté de parole a vaincu ! Sony n'a pas abdiqué ! ‘'L'interview qui tue !'' sera projeté », s'est réjoui le réalisateur, Seth Rogen, sur son compte Twitter, tandis que l'acteur, James Franco, qui partage l'affiche du film avec lui, criait « Victoire » sur son compte. Sony Pictures avait consterné Hollywood en annonçant la semaine dernière renoncer à la diffusion du film. Cette comédie a été qualifiée « d'acte de terrorisme » par Pyongyang qui a, selon les autorités américaines, commandité la gigantesque attaque informatique dont Sony Pictures a été victime il y a un mois. La Corée du Nord a été brièvement privée de connexion internet mardi dernier, au lendemain d'une première coupure générale de neuf heures qui pourrait avoir été orchestrée en représailles au piratage de Sony Pictures, selon une société de cybersécurité. Mais Pyong-Yong nie être impliqué dans le piratage au cours duquel les données personnelles de 47.000 employés et collaborateurs de Sony Pictures ont été dérobées. Les autorités nord-coréennes ont, d'ailleurs, proposé aux Etats-Unis une enquête conjointe sur cet incident.