Une escouade d'un millier de membres de Boko Haram, trois mille selon certains médias locaux, a pris dimanche matin, le camp militaire d'Achigachia, dans l'extrême nord-est du Cameroun et à la frontière nigériane et hissé le drapeau de la secte pendant près de quatre heures. Pour les déloger-les soldats de la Brigade d'infanterie motorisée ont été contraints de battre en retraite-l'aviation de chasse de Paul Biya les a pilonnés. Une première. « Après deux passages et un feu nourri de ses vecteurs de combats, les assaillants ont déguerpi, perdant plusieurs combattants », selon un communiqué publié dimanche soir par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. Et de poursuivre : « les opérations de sécurisation du secteur concerné sont en cours ». Avant de quitter les lieux, les terroristes de Boko Haram ont pris le temps de se servir en vivres, en armements et en pick-up. Probablement le but de cette attaque entamée par des assauts à l'arme lourde depuis le 25 décembre. Comme l'est aussi le déplacement forcé de milliers de personnes des zones de combats vers à l'intérieur du pays. Bilan de cette attaque ? Le ministre de la Communication annonce : « 40 tués dans le camp ennemi à Chogori et près de Waza, 7 à Makari et 83 à Amchidé ». 84 enfants enrôlés auraient été récupérés. En mai, le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad ont adopté à Paris, sous l'égide de la France, un plan de riposte contre la secte. Ce plan prévoit une coordination du renseignement, un échange d'informations, une surveillance des frontières et une capacité d'intervention en cas de danger. Les quatre se sont engagés à déployer chacun 700 soldats dans la zone du lac Tchad d'ici fin novembre. Un mois plus tard, seul le Cameroun qui a longtemps été très critiqué par ses voisins pour « passivité » face aux agissements de Boko Haram a dépêché dans la région 300 hommes. Le Cameroun va-t-il se plaindre désormais de l'inaction des Nigérians devant les agissements de Boko Haram qui a réussi, dans le nord-est du Nigeria, à prendre le contrôle de pans entiers de territoire et d'y proclamer en août un « califat » ? Plusieurs responsables camerounais laissent entendre que leur pays mène « une guerre par procuration ». Leur armée aurait tué, disent-ils, un millier de « Nigérians » et perdu une trentaine d'hommes. Selon plusieurs Camerounais, Boko Haram qui se contentait, il y a quelques mois, d'incursions chez eux pour voler du bétail et de la nourriture, est en train de s'y implanter.