Au bout de 3 longues journées de sang, de terreur et de douleur indicible, le syndrome dresse le bilan mortifère de l'attaque meurtrière de Charlie Hebdo et la prise d'otages sanglante du supermarché Hyper Casher, Porte de Vincennes : 17 personnes tuées. Ici, la marque hideuse des frères Kouachi assiégés et abattus dans l'imprimerie Création Tendances et Découvertes (CTD), dans la zone industrielle de Dammartin-en-Goële. Là, le tueur du Montrouge Amedy Coulibaly, coupable aussi du meurtre commis contre la policière, éliminé. Aux sources de l'internationale terroriste, Chérif, missionné par Aqpa (al Qaïda à la péninsule arabique), et son frère aîné Saïd effectuant son baptême du feu au Yémen, ont des liens « constants et soutenus », entretenus par leurs compagnes échangeant plus de « plus de 500 appels en 2014 ». Plus, impliqués, en 2010, dans la tentative d'évasion du chef terroriste Smaïl Aït Belkacem, les deux hommes, Chérif et Amedy, partagent une appartenance à la « filière des Buttes-Chaumont » chargés de l'acheminement des combattants en Irak. Mais, tout comme le « Ground Zero » américain fragilisé par l'énorme contradiction posée par le sens de l'organisation quasi parfaite et l'amateurisme du commando des « bombes volantes » multipliant les signes d'identification (des exemplaires du Coran), le professionnalisme vanté des frères Kouachi a grandement souffert des « détails troublants » alimentant la théorie du complant : la carte d'identité de Chérif oubliée dans la boîte à gants de la Citroën changeant de rétroviseurs, au moment de sa découverte, le policier Merabet à terre abattu d'une balle de kalachnikov, sans traces de sang sur le trottoir, et, last but not least, le parcours des frères Kouachi portés sur la liste noire en France et aux Etats-Unis. La France, qui s'interroge sur les « failles sécuritaires » du plan Vigipirate, sort traumatisée d'une épreuve de feu jamais vécue depuis 40 années, pour initier, aujourd'hui à Paris et dans plusieurs villes, « une marche républicaine » conduite par le président François Hollande, en présence des dirigeants étrangers parmi lesquels figurent la chancelière Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la commission européenne Jean-Claude Junker... Aux Etats-Unis et au Canada, des rassemblements sont prévus en hommage aux victimes du terrorisme. Autour du socle de l'« union nationale », proclamée par Hollande attaché à l'existence d'une « nation pas une addition de communautés », le front uni mondial souligne le caractère transfrontalier du fléau perçu désormais en menace tangible contre les valeurs de « démocratie, de liberté et de pluralisme ». Le Tout-Paris se mobilise pour vaincre la peur. Une 5e réunion de crise, regroupant Hollande, son Premier ministre et les ministres de l'Intérieur, de la Défense et de la Justice est destinée à mettre au point la riposte sécuritaire aux « moyens massifs ». Le plan Vigipirate sera aussi renforcé. Une première allocation de 320 militaires a été affectée à la surveillance des lieux stratégiques : institutions, lieux de culte, écoles et sièges des organes de presse. Mais, l'union française bute sur le niet de Jean-Marie Le Pen marquant sa désapprobation avec Charlie Hebdo réclamant la dissolution du Front national. Sa fille Marine, en guerre contre le « fondamentalisme islamiste », n'y croit pas non plus en l'absence, dit-elle, d'un parti qui représente 25% de Français. Sitôt l'effet de mobilisation consommé, tout commencera pour la France débarrassée de Abou Issen, alias Chérif Kouachi, bénéficiant dans l'affaire de Aït Belkacem et de son acolyte Amedy purgeant, en décembre 2013, une peine de 5 ans pour la même affaire. Il restera l'ombre menaçante de la filière des combattants français (plus de 900.000) de Daesh, entre janvier et septembre, selon les chiffres communiqués par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Là est tout le débat qui agite l'Europe confrontée au retour de flamme du terrorisme béni en terre syrienne et ailleurs.