Pour rendre hommage au cinéaste français anti-colonialiste, grand militant de la guerre de Libération nationale, Réné Vautier, décédé le 4 janvier dernier, l'association Machaâl Chahid a invité, hier, au centre de presse Mohamed-Abderahmani, du quotidien El Moudjahid, le grand réalisateur, Ahmed Rachedi, l'expert et historien du cinéma algérien, Ahmed Bejaoui, le comédien et non moins spécialiste, Hamid Rabia, ainsi que l'universitaire, Mourad Ouzadji. En sa qualité d'ancien collaborateur et compagnon du réalisateur de « l'Algérie, une Nation », Ahmed Rachedi, tout juste rentré de l'enterrement de son ancien mentor, s'est fondu en détails croustillants relatant ses débuts dans le septième art algérien à partir des camps de moudjahidine, notamment dans l'est du pays, pas loin de la base de Ghardimaou où Vautier élisait domicile aux côtés d'autres grands cinéastes bien de chez nous, Djamel Eddine Chanderli en tête. L'auteur de « L'Aube des Damnés » profita de cette occasion pour lancer un appel aux autorités publiques pour venir en aide aux besoins de la famille Vautier qui vit, selon lui, dans des conditions matérielles difficiles. Il regrette aussi une présence algérienne timide mais toutefois rehaussée par l'ambassadeur algérien à Paris. Pour Ahmed Bejaoui, Réné Vautier a été l'un des pionniers du cinéma algérien dans les années 50, même si le premier film « 100% local » a vu le jour, bien avant, en 1954, lorsque les deux réalisateurs, Djamel Chanderli et Hannach tournèrent « Le Tassili du Sahara » avec le regretté Himoud Brahimi, plus connu sous le pseudo de Momo. « Le rôle et la militance de Vautier ont été cruciaux dans l'internationalisation de la question algérienne à travers les films produits à partir des camps de guerre ou des actualités filmées qu'il réalisait au profit du FLN » souligne le mythique animateur de l'ancienne émission ciné-club de la télévision nationale. L'universitaire, Mourad Ouznadji a dressé, quant à lui, une rétrospective sur l'évolution du cinéma algérien, en mettant l'accent sur le rôle déterminant joué par les pionniers de cet art né dans la guerre. Il a affirmé que 14 films documentaires ont été réalisés entre 1954 et 62. La plupart par Vautier himself, précise-t-il. « Les liens entre Réné et l'Algérie ne sont jamais coupés même s'il avait choisi de retourner en France. Pour moi comme pour tous, il reste l'un des pères et des symboles du mouvement cinématographique algérien » conclut Hamid Rabia.