Une bonne nouvelle. A l'appel du Conseil central des musulmans d'Allemagne, les partisans de la tolérance ont marché, hier, à porte de Brandebourg, à Berlin, pour dire non à l'islamophobie. Dénoncer les crimes commis par les organisations terroristes extrémistes et scander « la terreur, pas en notre nom ». Fait notoire : ils étaient plus nombreux que les 25.000 sympathisants de Pediga, un mouvement raciste et... islamophobe qui organise depuis octobre des rassemblements à Dresde (est). Au lendemain d'une nouvelle mobilisation de manifestants contre l'immigration musulmane à l'appel de Pegida (Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident), plus de 100.000 personnes ont battu le pavé, hier, dans le centre de la capitale allemande pour reprendre en chœur une phrase lancée lundi par la chancelière : « L'islam appartient à l'Allemagne ». « Nous allons envoyer un signal très fort demain (...) pour la cohabitation paisible des différentes religions en Allemagne », a déclaré, lundi dernier, Mme Merkel, en annonçant sa participation à la marche. Comme tous ses compatriotes, la chancelière a peur des retombées des attaques terroristes à Paris. Pas seulement parce qu'elles peuvent inspirer des personnes prêtes à agir en Allemagne mais aussi parce qu'elles véhiculent des amalgames autour des musulmans, ce qui pourrait menacer la cohésion nationale dans son pays. Sur les 81 millions d'habitants, 4 millions sont musulmans, en majorité d'origine turque. Plusieurs personnalités, dont le président Joachim Gauck, les ministres des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, de l'Intérieur, Thomas de Maizière, de la Justice, Heiko Maas, ont, après la minute de silence, pris la parole pour dire que l'Allemagne, qui est solidaire des victimes du terrorisme, est et restera « tolérante et ouverte » sur le monde. Comme Paris, Londres, Rome, Madrid, Berne, Berlin doit gérer dans les prochains jours ceux et celles parmi sa population qui considèrent l'Islam comme une menace ou souhaitent interdire l'immigration des musulmans. Selon un sondage réalisé en Allemagne en novembre dernier et rendu public la semaine dernière, 57% des Allemands considèrent l'Islam comme une menace. 24% parmi eux souhaitent interdire l'immigration des musulmans. Ce mouvement des partisans de la tolérance et de la liberté n'est pas spécifique à Berlin. Lundi soir, ils étaient 30.000 à Leipzig, 20.000 à Munich, 17.000 à Hanovre à manifester. Mais les choses évoluent. Pas seulement en Allemagne, mais dans toute l'Europe où le danger terroriste suscite des débats. Pediga commence à faire des émules dans toute l'Europe. Une première manifestation sur le modèle allemand a eu lieu lundi dernier à Oslo. Et un rendez-vous est prévu le 16 février prochain en Suisse. En France, où le Front national remonte, soixante-dix actes islamophobes ont été enregistrés depuis mercredi dernier, jour de la fusillade contre Charlie Hebdo, selon Abdellah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie. « Vingt et une mosquées ont été attaquées par des coups de feu, des jets de pierres, de têtes de porc et de tags haineux. Trente-trois musulmans ont subi des menaces et agressions », précise-t-il. Les principales organisations musulmanes en France ont appelé, hier, la communauté musulmane « à garder son calme en évitant les réactions émotives ».