Avoir dans son assiette des aliments au goût amélioré a un prix. Un prix que le consommateur doit payer au détriment de sa santé, que l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce) a abordé lors d'un séminaire organisé, hier, à Alger. En effet, des études ont démontré que les additifs alimentaires peuvent être à l'origine de toutes sortes de cancers. « L'aspartame et le nitrate sont des adjuvants cancérogènes pour le sang, la vessie et les seins », affirme Malika Bouchenak, directrice de la recherche en nutrition à la Société algérienne de nutrition. Le Dr Sahraoui, pédiatre, a évoqué le syndrome de l'hyperactivité chez l'enfant dont les additifs alimentaires en seraient la cause. « L'impact des ces ajouts sur la santé fait l'objet d'un débat très controversé. Les études sont parfois contradictoires. Mais ce qui est sûr, c'est que les produits contenant des additifs doivent être consommés avec modération pour en minimiser les risques sur la santé », indique-t-il. Sauf que, pour la modération, il n'est pas aisé de s'y astreindre. Surtout que l'Algérien semble avoir un penchant pour le sucre. Le président de l'Association des producteurs algériens de boissons, Ali Hamani, révèle, pour sa part, que les boissons de marques internationales sont plus sucrées en Algérie qu'aux USA ou en Europe, et ce, à la demande du consommateur. « Les producteurs de boissons aimeraient réduire le taux de sucre. La fabrication du produit sera de moindre coût mais à condition que le consommateur soit d'accord. Des producteurs ont commercialisé des boissons moins sucrées qui sont restées dans les stocks », affirme-t-il, annonçant la publication d'un guide sur l'utilisation des additifs alimentaires et un d'autre sur l'emballage destinés aux industriels. « Mais la dangerosité des additifs alimentaires réside dans le fait que le consommateur peut ingurgiter plusieurs produits », observe Hafid Eddine Mansour, resonsable du bureau d'études et conseils en sécurité Qualiab Algérie. Certes, la réglementation a beaucoup évolué dans l'utilisation des additifs et impose des taux étudiés selon le produit. « Mais quand un citoyen consomme plusieurs produits, il peut se retrouver avec des doses importantes d'additifs », explique-t-il, déplorant l'absence d'enquêtes sur le volume de produits additifs consommés par personne par jour. Il regrette également que la réglementation ne fasse pas référence aux conditions dans lesquelles il faut utiliser les additifs. « Il est souhaitable de mettre en place une commission sur la sécurité alimentaire afin d'arrêter, entre autres, les bonnes pratiques de fabrication. Il faut aussi inculquer cette culture de consommation qui fait défaut à nos compatriotes, qui sont aussi en mal d'informations », estime-t-il. Dans ce contexte, Mme Bouchenak juge nécessaire que l'étiquetage comprenne des mises en garde contre certains additifs. Justement sur ce point, le président de l'Apoce, Mustapha Zebdi, a relevé que certains producteurs impriment des informations mensongères, et ce, malgré une réglementation rigoureuse. « Depuis novembre 2014, les producteurs sont sommés de faire des étiquetages très détaillés sur leurs produits. Mais ce n'est pas encore appliqué car les producteurs doivent écouler leurs stocks », dit-il, rappelant que l'informel favorise la commercialisation des produits qui contiennent des additifs à fortes doses susceptibles d'être toxiques. Mme Bouchenak affirme, pour conclure, que tout dépend du consommateur, à condition qu'il soit bien informé. « C'est à lui d'être maître de son choix alimentaire », assure-t-elle.