L'armée de République démocratique du Congo (RDC) a « engagé » une action contre les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui sévissent depuis deux décennies dans l'est du pays, a assuré, hier, le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda. « L'action est engagée et elle ne va pas s'arrêter tant que nous n'aurons pas neutralisé ces forces négatives », a-t-il affirmé à Addis-Abeba. « La détermination du gouvernement est telle qu'il n'y aura pas de répit tant que nous n'en aurons pas fini avec ce groupe », a-t-il ajouté, s'exprimant à l'issue d'une réunion sur les Grands Lacs organisée en marge d'un sommet de l'Union africaine. Après des semaines de pressions internationales, la RDC a annoncé, jeudi dernier, le lancement d'une offensive contre ces miliciens, dont plusieurs chefs sont accusés d'avoir pris une part active au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda. Offensive menée sans la force de l'ONU dans le pays (Monusco). Le commissaire à la paix et la sécurité de l'ONU, Smaïl Chergui, s'est félicité, hier, de cette annonce, estimant que les FDLR continuaient de « recruter » des combattants. La RDC a également reçu le soutien du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a « salué le recours à la force militaire contre les FDLR » et assuré que la Monusco « se tient prête à participer à ces opérations » pour « éliminer la menace posée par les FDLR une fois pour toutes ». Plusieurs observateurs et diplomates doutent, cependant, sérieusement de la volonté de Kinshasa de combattre réellement les rebelles hutus. Le fait que l'opération ait été annoncée à la veille du sommet de l'UA fait même dire à certains qu'elle relève certainement plus du « show » que d'une réelle offensive. Et sur le terrain, rien ne semble encore se passer. « Je n'ai pas été informé de la moindre chose », a déclaré, hier, un officier européen en poste à Kinshasa. Selon lui, certains camps d'entraînement des FDLR n'existent effectivement plus, mais « c'est parce que beaucoup de combattants les ont évacués » afin de « se fondre dans la population locale » avant ou après la fin de l'ultimatum du 2 janvier qui leur avait été donné pour rendre les armes. Les rebelles, qui compteraient aujourd'hui 1.500 à 2.000 combattants disséminés dans les montagnes boisées de l'Est congolais, sont toujours considérés par Kigali comme la « menace la plus grave » à la sécurité régionale. Mais Kinshasa est soupçonnée de rechigner à désarmer complètement des combattants qui ont pu parfois prêter main forte aux FARDC pour lutter contre des rébellions soutenues par le Rwanda.