Les travaux de la 24e session ordinaire du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement se sont poursuivis, hier, à huis clos, dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. Pour la seconde et dernière journée, les débats ont porté sur les questions de paix et de sécurité, le financement de la force régionale anti-Boko Haram, la prévention des violences électorales en Egypte, au Burundi ou en Centrafrique et l'aide aux pays touchés par Ebola (9.000 morts en un an au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone). Vendredi et samedi, tous les dirigeants africains qui ont pris la parole ont appelé à « une réponse collective, efficace et décisive » contre Boko Haram dont « les abus épouvantables, la cruauté indicible, le mépris total des vies humaines, les destructions de biens totalement gratuite sont sans égal », selon la présidente de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, encourage l'idée de création d'une force militaire régionale de 7.500 hommes émise par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Mais tout en dénonçant « la brutalité sans nom » de Boko Haram qui « représente un danger pour la paix et la sécurité nationale (au Nigeria), régionale et internationale », il estime que la réponse ne peut pas être seulement militaire. « Il faut s'attaquer aux origines profondes de la propagation de cet extrémisme violent », dit-il. Hervé Ladsous, son chef des opérations de maintien de la paix, est prêt, dit-il, à « prêter à l'UA le concours de quelques spécialistes de l'ONU, planificateurs militaires, logisticiens ». Selon un responsable de l'UA, cité par plusieurs médias, une réunion d'experts militaires du continent aura lieu du 5 au 7 février à Yaoundé pour discuter de ce projet « encore très vague », sur sa composition et sur son mandat, selon les observateurs. Pour le déploiement de cette force, l'UA envisage de demander dans les prochains jours une résolution du Conseil de sécurité, a indiqué Smaïl Chergui, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'organisation. Elle pourrait lui demander aussi, ajoute-il, la création d'un fonds pour la financer. « Les Africains sont prêts à envoyer leurs troupes, à faire l'effort nécessaire, mais il est aussi moralement important que l'ONU et la communauté internationale soient aux côtés des Africains pour ce combat qui n'est pas propre à l'Afrique », a estimé Chergui. Le Nigeria, le Cameroun, le Niger, le Tchad et le Bénin ont convenu fin 2014, à Niamey, d'établir une force de 3.000 hommes pour lutter contre Boko Haram qui a fait plus de 13.000 morts depuis 2009. En vain. La raison ? L'existence de dissensions entre Abuja et ses voisins.