Les miliciens chiites dits Houthis ont mis en place, hier matin, une commission de sécurité composée de 18 responsables pour diriger « les affaires du pays jusqu'à la mise en place du conseil présidentiel ». Ce dernier doit être élu par un conseil national de 551 membres destiné à remplacer le Parlement dissous la veille. D'après les directives de la milice chiite, également appelée Ansaruallah, le conseil présidentiel doit former un gouvernement de compétence nationale pour une période de transition, fixée à deux ans. Cette annonce a été suivie par une explosion à l'entrée sud du palais présidentiel blessant deux personnes. Des formations politiques, comme le Parti socialiste, ont dénoncé « un putsch » et ont appelé à manifester à Sanaâ. Ansaruallah a formalisé vendredi son pouvoir en optant pour la dissolution du Parlement au lendemain de la suspension, faute d'accord, des négociations politiques sur une sortie de crise, parrainées par l'émissaire de l'ONU au Yémen, Jamal Benomar, qui a quitté précipitamment le pays peu avant la « déclaration constitutionnelle » des miliciens. Il s'était rendu en Arabie saoudite et en est revenu hier pour rencontrer les dirigeants du « Comité révolutionnaire », appellation désignant les rebelles houthis, et des formations, le dialogue devant reprendre sur la composition du Conseil présidentiel et de ses prérogatives. Le Conseil de sécurité des Nations unies s'était déclaré vendredi « très inquiet » de la situation et a brandi la menace de sanctions si les négociations ne reprennent pas. Le Conseil réclame aussi « la libération immédiate » du président Hadi, du Premier ministre et des membres du gouvernement qui se trouvent en résidence surveillée. Les Etats-Unis ont, eux aussi, désapprouvé le coup de force des Houthis. En marge de la conférence de Munich sur la sécurité de Munich, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est réuni avec des dirigeants du Conseil de coopération du Golfe. Il leur a demandé d'intensifier leurs contacts avec l'ensemble des forces politiques yéménites après avoir souligné la « menace » que représentait le vide politique au Yémen pour la sécurité régionale.